Double Enfance est le dernier album de Julien Clerc. Un album, dans lequel on retrouve le Julien mélodiste, proche de la fin des années 70. C’est tendre, doux et plein de classe. Carla Bruni signe la ballade romantique: «Une vie de rien», Jean-Loup Dabadie écrit: «Quel jeu elle joue», portrait d'une jeune fille d'aujourd'hui. Mais cet album est d'autant plus précieux que l'on y découvre les deux derniers titres écrits par Étienne Roda-Gil, l'auteur emblématique des débuts, dont le très sobre et très poignant «Réfugié» («Réfugié tu as tous les droits, marcher à quatre pattes ou au pas de l'oie, réfugié, tu n'as plus de loi, plus de terre ou de combat»).
Ce sont des chansons personnelles qui lèvent un peu le voile sur un artiste qui «déteste parler de lui». C’est en effet la première fois, après presque quarante ans de carrière, qu’il a osé suggérer des thèmes à des auteurs. Album personnel jusqu’à évoquer des drames intimes. Il a pensé à Maxime Le Forestier pour décrire la douleur du divorce de ses parents. D’où le titre de l’album, allusion à la Double enfance de Julien, enfant de parents séparés. «Parce que Maxime avait lui-même vécu cela mais aussi parce qu’il saurait parler également de l’enrichissement de connaître une double culture: tant sur le plan politique que religieux, musical et sportif».
D’où peut-être son engagement auprès du UNHCR (Haut-Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés). «Sans doute une façon de rendre à la vie ce qu’elle m’a offert». Il a été nommé ambassadeur pour la francophonie. Son territoire, c’est l’Afrique. Il est fier que sa notoriété lui ait permis de participer à ce travail. Il n’oubliera jamais le visage d’une mère portant son bébé. C’était lors d’une mission au Tchad. Elle venait tout juste de trouver un refuge plus décent et elle lui a demandé: «Qui je dois remercier pour ça?»…
Dans une société qui rétrécit l’homme, rien n’est plus grand qu’une vie humaine.