Je ne peux compter le nombre de fois où j’ai dit à mes enfants mal à l’aise devant leur assiette : « ne dis pas que ce n’est pas bon, dis plutôt que tu n’aimes pas ».
Il n’y a pas que les enfants qui réagissent ainsi. Ne pensons-nous pas assez spontanément que ce que nous aimons est bien et que ce que nous détestons est mauvais ?
Quand je me suis marié, j’ai dû me rendre à l’évidence : mon épouse aimait des musiques que je n’aimais pas. Et vice versa.
Quelques années plus tard, nous conservons des goûts musicaux différents mais nous avons quand même appris à mieux connaitre, et parfois apprécier, ceux de l’autre. Me voilà tout heureux quand je m’aperçois qu’elle écoute spontanément une musique qui la rebutait autrefois. Je lui suis aussi reconnaissant de m’avoir ouvert à des choses que j’ignorais.
Je n’aime ni le gore ni la musique metal. Il faudrait me payer cher pour aller voir un film d’horreurs. Vais-je dire pour autant à ceux qui les aiment : « c’est pas bon » ? Non !
Et si on me dit que certaines musiques sont sataniques ou qu’elles invitent à la violence, je dois certainement y faire très attention car il peut y avoir danger, en effet. Mais en même temps, je dois aussi avoir conscience que les textes qui ont inspiré les opéras ou les ballets que j’aime sont souvent profondément païens, parfois dépourvus de toute morale.
Nous savions que nous touchions à un domaine sensible en abordant ces sujets. Tous nos auteurs ne témoignent d’ailleurs pas des mêmes convictions. Nous ne vous demandons pas de changer vos goûts mais vous invitons à prendre du recul et de renoncer aux idées toutes faites. Lisez et, bien sûr, réagissez !
Georges Mary