Mes années lycée. Je me rappelle. Ce n’est pas si vieux : je traverse un couloir pour rejoindre avec ma classe une salle pour le prochain cours…
Un grand froid à cheveux longs
Devant moi, Rémi, grand gaillard, longs cheveux bruns, manteau assorti style « mi-vampire mi-casaque de révolutionnaire du temps de Louis XVI ». On ne voit que lui. Les autres jeunes le regardent, intrigués. On atteint notre salle, quand j’entends quelqu’un dans le couloir : « tu n’as pas senti un froid quand le grand est passé ? »
Le lycée : pic de l’adolescence, du développement du corps et de l’esprit. Période où on se cherche, où on s’affirme, où on doute. Temps d’angoisse aussi quant à l’avenir. Si pour certains jeunes, ce processus de construction de la personnalité ne s’exprime pas forcément par la volonté d’afficher leur goût pour la rébellion, l’anticonformisme et la provocation, pour d’autres, cette période de transition est nécessaire.
La culture du sombre : de Horace Walpole à Twilight
Les histoires à faire peur, ou à « n’en pas dormir la nuit » ne sont pas d’aujourd’hui. À toutes les époques et dans toutes les cultures, on retrouve des textes et des légendes qui parlent de créatures fantastiques, mystérieuses, parfois de morts-vivants.
Bien avant Anne Rice et son Entretien avec un vampire (1975) particulièrement ténébreux, on repère les bases de la littérature d’horreur dans le courant littéraire appelé Roman Gothique. Celui-ci commence en Angleterre avec Le Château d’Otrante de Walpole publié en 1764. Ses thèmes sont simples et récurrents : la mort, l’adultère, les orgies, l’épouvante, le sang…
Du côté français, les histoires pour enfants comme Le Petit Chaperon Rouge, de Charles Perrault (1698) viennent de contes traditionnels beaucoup moins puérils dans lesquels on retrouve notamment les thèmes de la sexualité, de la violence et de l'anthropophagie. On n’en est pas toujours conscient.
La saga Twilight reprend aujourd’hui tous les mêmes thèmes en y ajoutant une intrigue amoureuse moderne. Celle-ci pourrait faire presque oublier tous les à-côtés beaucoup moins enchanteurs de l’histoire : sang à profusion, violence à l’état brut, créatures toutes plus immorales les unes que les autres, sans compter le sexe qui n’est jamais un élément secondaire. Est-ce la raison de son succès ?