Je discute avec mon marchand de journaux. Pour lui, tout va mal. Il me parle tour à tour de sexe, d’immoralité, de passions, de drogue...
Je continue mes courses. Cette fois, c’est mon boucher qui me dit avec regret : « Nous vivons dans un monde tellement individuel et égoïste, tourné vers le gain et le matérialisme. Les gens deviennent tellement superficiels ! »
Pour moi, c’est mon boucher qui voit clair. Je me suis d’ailleurs permis de lui citer un texte de la Bible qui évoque les temps difficiles que nous vivons : « Les hommes seront égoïstes (tournés vers eux-mêmes), amis de l'argent (…) enflés d'orgueil, aimant leur plaisir plus que Dieu ».
L’ennemi public numéro un
L’égoïsme est rarement montré du doigt. Il est même parfois présenté comme normal. Et pourtant, n’est-il pas la source de la plupart de nos malheurs ? L’égoïste poursuit ce qui lui plait, cherche à satisfaire ses ambitions personnelles, quitte à écraser la carrière d'un autre pour obtenir une augmentation, ou à briser sa réputation pour arriver à ses fins.
Rarement dénoncé
Lire le mal, c’est prendre conscience que le mal est plus sournois ou insidieux qu’on ne le pense généralement. Ceux qui prétendent que le premier péché d’Adam et Ève était d’ordre sexuel se trompent. S’il fallait actualiser la manière dont le tentateur s’y est pris pour les faire déraper, on dirait quelque chose comme : « Mes amis, c’est stupide de prendre Dieu trop au sérieux. Contentez vous de le croire un peu. Ne prenez pas au tragique ce qu’il vous a dit ! Vous pouvez très bien respecter le Créateur sans le prendre au mot. N’allez pas trop loin… »
Incognito
La Bible contient cette phrase étonnante : « Satan fait semblant d’être un ange de lumière ». Nous voilà prévenus. Le Tentateur est donc d’autant plus dangereux qu’on ne le repère pas ! Il sait même parfois prendre les allures d’une certaine sagesse et montrer beaucoup de compréhension et de tolérance. Il est passé maître dans l’art de semer le doute. Une fois celui-ci installé, le reste en découle tout naturellement.
Inconnu du code civil
Rentré chez moi avec toutes ces pensées, je cherche un texte qui me trotte dans la tête. Voici ce que je recopie dans mon carnet de citations : « La nature essentielle du mal est révélée par une série d’attitudes. C’est supplanter Dieu, refuser d’accorder au Créateur le titre de Dieu, vivre pour soi-même et non pour lui. S’aimer, rechercher ses aises et son plaisir sans se soucier du Créateur. S’efforcer, tant que faire se peut, d’être indépendants de lui en s’arrachant à ses bras, en se maintenant à distance respectable de lui, en tenant soi-même le gouvernail de sa vie. En agissant comme si nous et notre satisfaction étions le but à la poursuite duquel, tout doit être subordonné, Dieu y compris ! ».
Décidément le mal n’est pas ce qu’on pense. On le commet souvent sans s’en apercevoir.