On retrouve, dans les lettres des apôtres, l’écho évident des consignes données par Jésus.
Paul, qui recommande aux chrétiens de Rome de ne pas rendre le mal pour le mal, les exhorte à faire du bien à leurs ennemis, à bénir au lieu de maudire. Aux chrétiens persécutés, Pierre offre l’exemple du Christ qui, insulté ne rendait pas l’insulte. Il les exhorte à bénir en réponse aux injures. Indigné des conflits qui divisent la communauté de Corinthe, Paul convie ses lecteurs, au lieu de se traîner devant les tribunaux, à régler entre eux leurs différends, voire même à consentir à une injustice, à se laisser dépouiller. On ne trouve dans l’enseignement apostolique aucune consigne explicite concernant la guerre ou le métier des armes. On en est donc réduit aux consignes de Jean-Baptiste qui ne sont ni démenties, ni confirmées par le reste du Nouveau Testament.
Paul compare la condition du croyant à celle d’un soldat qui bénéficie de tout l’équipement nécessaire : ceinturon, cuirasse, chaussures, bouclier, casque, épée. Il exhorte son assistant Timothée à combattre le beau combat de la foi, à prendre sa part de souffrance en bon soldat du Christ Jésus. Son engagement est comparé à celui du militaire qui ne s’embarrasse pas des affaires de la vie civile. Paul, parlant de son propre service, évoque les armes offensives et défensives.
de la justice, littéralement de la main droite et de la main gauche. Il se décrit comme un combattant qui détruit les forteresses et rend toute pensée captive pour obéir au Christ.
Cet usage de métaphores militaires doit-il être perçu comme polémique, combat du chrétien étant l’alternative obligée au métier des armes ? Certes, Paul souligne la différence, « les armes de notre combat ne sont pas d’origine humaine », « ce n’est pas contre des êtres de chair et de sang que nous avons à lutter ».
Mais l’abondance des références, ainsi que leur utilisation toujours positive, dans la continuité et non l’opposition, n’est guère compatible avec une aversion radicale pour le métier des armes réputé consubstantiel au mal. C’est plutôt comme activité humaine que la pratique militaire est évoquée tout comme le sport, cité lui aussi de manière positive. Une activité qui sollicite un engagement, des sacrifices et certaines vertus. La question du bien ou du mal de la guerre reste manifestement à l’écart de cet emploi de la métaphore.
Jésus, lui aussi, donne en exemple au « candidat disciple » l’image d’un roi, qui, s’apprêtant à partir en guerre, doit d’abord estimer ses chances de succès en fonction de l’effectif dont il dispose(1). Aurait-il donné en exemple un malfrat préparant un assassinat ? Manifestement, pour lui, la guerre n’est pas assimilée au meurtre.
Sans se prononcer sur la question des relations entre États, les apôtres, Paul en particulier, tiennent à souligner la légitimité d’une justice publique pour réprimer le mal, et le devoir du chrétien de s’y conformer. En plaçant cette justice sous l’instrument symbolique de l’épée, Paul confirme le principe d’une violence légitime au service de la justice et de la paix civile, par l’autorité qui en est dépositaire. Ainsi, les directives de non-résistance données par Jésus, et que Paul rappelle, ne sont pas laissées en suspens dans un vide institutionnel où tout serait laissé au bon vouloir de chacun. Elles restent sous la sauvegarde d’un ordre voulu par Dieu dans la société. Il n’est pas question de les extrapoler au profit d’une utopie libertaire. Paul lui-même n’a pas manqué de recourir à l’institution judiciaire pour obtenir sa protection lorsque sa vie était menacée, pour faire valoir ses droits de citoyen romain et même en appeler jusqu’à César contre les accusations dont il était l’objet.
LA VISION DE L’APOCALYPSE
Dans le dernier livre de la Bible, ...