L'Histoire Ecclésiastique d’Eusèbe de Césarée, décédé en 340 après J.C., est une source essentielle qui nous éclaire sur l’Église primitive.
À quel moment situer le début de l’Église ? Est-ce après la résurrection de Jésus ?
Pour les spécialistes, sa naissance doit se situer à la Pentecôte. Il y est question d’un événement qui surprend par sa nouveauté. Les disciples rassemblés à Jérusalem reçoivent l’Esprit Saint et abandonnent leurs cachettes pour annoncer au grand jour et avec audace Jésus, crucifié quelque temps auparavant, comme le Christ.
Le mot Église devient alors une réalité. Ce n’est certes pas la première fois que l’on rencontre ce terme car Jésus l’a lui-même utilisé pour évoquer une entité encore à venir lorsqu’il promet : « je bâtirai mon Église et les portes du séjour des morts ne prévaudront point contre elle… » Mt 16.18.
Le terme grec « ekklêsia », qu’on traduit régulièrement par « Église » dans le Nouveau Testament désigne l’assemblée générale des citoyens d’une ville. Au début, il est sans connotation spirituelle. La seule utilisation religieuse du mot se trouve dans un texte de l’Ancien Testament pour traduire « qehal Yahvé » : l’assemblée convoquée par Moïse. Son premier usage dans les Actes des apôtres s’applique à la toute nouvelle communauté de Jérusalem issue de l’événement de Pentecôte.
Il est donc légitime de penser qu’elle naît à ce moment comme un corps constitué qui rassemble des croyants qui reconnaissent en Jésus le Messie.
Irénée dans son Adversus haereses (contre l'hérésie) définit l’Église comme le peuple de l’Esprit : « Car où est l’Église, là est l’Esprit de Dieu ; et où est l’Esprit de Dieu, là est l’Église et toute grâce ; et l’Esprit est vérité. Ainsi ceux qui n’y participent pas ne reçoivent pas des mamelles maternelles l’aliment de vie, ne boivent pas à la source qui s’épanche du Corps du Christ »(1).
Dès la Pentecôte, on peut discerner trois caractéristiques principales de l’Église :
• Elle est universelle : elle rassemble les hommes et les femmes quels que soient leur rang social, leur niveau académique ou encore la couleur de leur peau.
• Elle est cosmopolite car elle parle toutes les langues. Chacun peut entendre et recevoir l’Évangile dans sa langue maternelle.
• Enfin, elle est missionnaire : la bonne nouvelle est annoncée dans le monde connu grâce aux pèlerins venus de partout à Jérusalem et qui s’en retourneront chez eux, porteurs de la Nouvelle. Les disciples avaient reçu l’ordre de Jésus : « Allez par toute la terre et faites des disciples, les baptisant au nom du Père du Fils et du Saint-Esprit. »
Une autre singularité du premier groupe chrétien est son caractère proprement urbain. Les Églises fleurissent dans les villes et attirent un public hétéroclite. Jérusalem est évidemment le foyer principal où les apôtres Pierre et Jacques semblent avoir exercé un rôle de premier plan.
D’après l’historien romain Suétone, il semble que la religion nouvelle aurait atteint Antioche, (à situer dans la Turquie actuelle, près de sa frontière avec la Syrie), et Rome dans les années 40. C’est d’ailleurs à Antioche que pour la première fois les croyants ont reçu le nom de chrétiens en référence au Christ(2).