L’histoire des Noirs américains est jalonnée d’injustices, de discriminations, de révoltes violentes et de luttes en faveur de l’égalité civique et raciale. Les Noirs sont le seul peuple qui soit arrivé en Amérique comme esclave. Aussi, pendant plusieurs siècles, vont-ils souffrir de ce préjugé de couleur perçu comme le symbole de leur infériorité.
Après la guerre civile qui a déchiré l’Amérique de 1861 à 1865 et l’abolition de l’esclavage confirmée par le XIIIe amendement de la Constitution américaine en décembre 1865, les Noirs n’ont pas voulu autre chose que de jouir pleinement de leur liberté et la « poursuite du bonheur ».
Les troupes fédérales occupent le sud des États-Unis jusqu’en 1877
(1) dans l’espoir de mettre en place un système démocratique permettant au Sud de réintégrer l’Union. C’est au cours de cette période appelée la « Reconstruction » que la situation des Noirs américains connut des évolutions significatives. La liberté de voter leur fut octroyée, garantie par le XVe amendement, ainsi que la liberté d’association et de réunion. Les Noirs américains purent également exercer certains métiers et obtinrent un lopin de terre en métayage sur lequel les nouveaux affranchis pouvaient tirer leur subsistance. Malheureusement, cette situation n’a pas perduré après le départ des troupes nordistes. Progressivement, un système injuste discriminatoire visant à limiter l’accession des Noirs aux postes à responsabilités s’est installé. Alors que le gouvernement fédéral avait pris l’engagement de protéger la liberté nouvellement accordée aux affranchis, des élus sudistes particulièrement influents vont user de leur pouvoir pour ne pas appliquer le dispositif législatif favorable aux anciens esclaves. Bientôt, la Cour suprême des États-Unis consacre en 1896 le principe « séparés mais égaux » qui instaure un néo-esclavage dans le sud des États-Unis. Ce qui fera d’ailleurs dire à cet intellectuel noir W.E.B Du Bois que « l’esclave a été libéré, il s’est tenu un bref moment au soleil, puis a avancé de nouveau vers l’esclavage
(2) ». C’est dans ce contexte mouvementé que les lois Jim Crow datées de 1876 font leur apparition en établissant la suprématie des Blancs tout en maintenant les Noirs « à leur place » dans la hiérarchie sociale. Désormais, les Noirs apparaissent comme des citoyens de seconde zone, blessés dans leur dignité et agressés dans leur humanité. Cette ségrégation s’est maintenue par la terreur et la violence générées par les ségrégationnistes et tolérées par le gouvernement fédéral.
On peut dès lors se demander comment Martin Luther King a fait avancer la cause des Noirs dans le contexte de ségrégation virulente des États-Unis d’Amérique au XXe siècle. En quoi la personne du pasteur noir américain et le message qu’il porte nous interpellent-ils encore aujourd’hui ? Quel héritage laisse-t-il au monde ?
Il ne s’agit pas de brosser un portrait édulcoré de MLK
(3) mais de proposer une présentation critique de l’action qu’il a menée durant les années 1955 à 1968. Nous situerons donc dans une première partie la diversité et la complexité de la lutte des Noirs pour défendre leurs droits civiques. Nous analyserons ensuite le principe de la non-violence active que King a proposée aux Noirs qui traînaient derrière eux un lourd passé d'esclavage.
Enfin nous verrons dans une dernière partie le legs de MLK à l’humanité.
LES DIFFÉRENTS MOUVEMENTS ET ORGANISATIONS NOIRS AVANT MLK
Pendant longtemps, l’historiographie a mis en avant le combat du pasteur baptiste noir américain MLK.
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