Le Credo a été, et est encore, une source d’inspiration de multiples œuvres musicales. Nous en présentons ici une qui nous a paru emblématique.
Cette Messe est profondément enracinée dans une tradition de pensée protestante. Elle suit l’ordonnance du service divin proposé par Martin Luther avec la vision d’un « culte en esprit et en vérité » selon l’évangile de Jean.
On est frappé par la place centrale que Jésus et la croix occupent dans la foi que partagent Bach et Luther.
Au milieu du Credo, la résurrection est annoncée en grand appareil (trois trompettes, timbales, cordes, chœur à cinq voix), et avec éclat. La tonalité de ré majeur, le brillant des trompettes : tout contribue à créer un déploiement sonore comparable à un paysage grandiose. L’effet est encore plus saisissant lorsqu’on écoute la pièce précédente, Crucifixus, qui rappelle la crucifixion, la mort puis la mise au tombeau et qui s’éteint dans une ambiance crépusculaire. Le Credo est lui-même situé au centre de la Messe et structuré en chiasme au cœur duquel se trouve la croix, Crucifixus. Bach dessine ainsi l’acte rédempteur du Christ par des tonalités sombres et des mouvements lents jusqu’à la mise au tombeau. Et resurrexit initie un mouvement ascensionnel et lumineux, celui de l’attente du retour du Christ en gloire.
La musique de Et resurrexit comporte quatre parties : annonce de la Résurrection, Ascension, retour du Christ pour le jugement dernier, enfin règne éternel. Les deux dernières parties réservent d’époustouflantes vocalises aux chanteurs, comme pour exprimer une forme d’impatience à vivre dans la plénitude divine.
On notera que l’annonce du jugement des vivants et des morts n’est assortie d’aucune inquiétude : l’acte rédempteur est déjà accompli avec la mort et la résurrection du Christ, aucun jugement ne peut menacer les croyants.
Pour en savoir plus
Gilles Cantagrel, Sur les traces de J.-S. Bach, Bouchet, Chastel, p.146s,
Bertrand Dermoncourt, ss dir de, Tout Bach, Robert Laffont, p.540s
Philippe Charru et Christoph Theobald, La Messe en si mineur de Johann Sebastian Bach, un « culte en esprit et en vérité », Vrin.