Introduction
Cette prédication remonte à une époque où j’étais un prédicateur régulier de l’EEB de Clermont-Ferrand ; j’intervenais environ une fois par mois. Je n’étais alors ni pasteur ni ancien de l’Église. La fonction de « prédicateur laïc » – le ministère est plus beau que son intitulé – ne se distingue pas fondamentalement, à mon sens, du ministère de prédication tel que l’exerce un pasteur de l’Église. Les exigences sont les mêmes : le prédicateur laïc ne saurait fournir un travail moins soigné, et la plupart du temps, il dispose même de plus de temps pour la préparation du sermon que son collègue « à plein temps ». Le ministère a néanmoins ses spécificités. L’un des avantages me semble être que le prédicateur laïc, s’il n’est pas retraité ou chômeur, est plongé dans le monde du travail séculier. Cela peut le rapprocher de son public. Le métier du pasteur obéit à d’autres règles ; il a ses difficultés bien réelles, mais souvent distinctes. Le plus grand inconvénient que j’ai ressenti en tant que prédicateur laïc a été d’être moins au courant des difficultés personnelles des uns et des autres, et de l’état d’esprit de l’Église dans son ensemble. Un pasteur, de par ses entretiens et son implication dans un plus grand nombre de domaines, a une vision d’ensemble bien meilleure et peut, s’il a des dons analytiques, percevoir des besoins que l’on peut combler par des compléments d’enseignement. Le prédicateur laïc ne dispose pas toujours de ces éléments. Il peut parfois mettre les pieds dans le plat en abordant une question sans prendre les précautions qu’il prendrait s’il était au courant de certaines situations. Avers de la médaille : il ne risque pas de s’auto-censurer et il peut, de ce fait, apporter un peu de lumière biblique dans un différend obscur qu’il ignore (ce qui n’empêche pas qu’on le suspecte d’être un missile téléguidé, bien entendu). Quoi qu’il en soit, les prédicateurs d’une Église, qu’ils soient « à plein temps » ou non, ont tout à fait intérêt à échanger de temps à autre, ne serait-ce que pour comparer leur perception de l’assemblée et partager les retours des uns et des autres.
Prédication
De tout ce qu’on pourrait dire de Josué, ce sont probablement les événements autour de la prise de Jéricho qui ont le plus frappé les esprits. Ce matin, je voudrais revisiter avec vous ces événements, à travers trois personnages clés : une prostituée, un ange et un voleur.
Comme les récits en question sont assez longs, j’ai fait le choix de vous les raconter.
La prostituée
Le premier personnage qui nous intéresse, c’est une prostituée. Mais plantons un peu le décor.
Nous sommes au seuil de la Terre promise. Israël vient de passer quarante années dans le désert, en punition de sa désobéissance, suite à l’affaire des douze espions(1). Toute une génération d’Israélites est morte dans le désert, et Moïse est mort aussi. Josué lui a succédé comme chef. Avant de franchir le Jourdain, il envoie des agents secrets. Le Mossad, canal historique, si l’on veut. Mais ces agents, dont nous ne connaissons même pas le nom, ne passent pas inaperçus. À peine se sont-ils installés, que nous voyons le roi de Jéricho envoyer ses services de contre-espionnage pour les arrêter. Ils ont été localisés dans une auberge. La patronne de cet établissement est une certaine Rahab, une dame dont le travail ne semble pas se limiter à nourrir et à loger ses clients : c’est aussi une prostituée. Va-t-elle livrer les espions ?
Non, bien au contraire : elle les cache sous un tas de tiges de lin qu’elle fait sécher sur son toit. Et elle explique aux agents du roi que ces hommes étaient bien venus chez elle, mais qu’ils sont déjà répartis, sortis de la ville au crépuscule, avant qu’on ne ferme les portes. « Poursuivez-les vite, et vous les rattraperez ! », leur dit-elle. Apparemment, elle est convaincante, car les hommes du roi se lancent à la poursuite des fuyards. Mauvaise nouvelle : on ferme les portes de la ville derrière eux. Nos espions ne sont pas sortis de l’auberge, c’est le cas de le dire. Et c’est encore Rahab qui va avoir une idée lumineuse. Comme sa maison est intégrée à la muraille de la ville, les espions pourront descendre, à l’aide d’une corde au milieu de la nuit, par la fenêtre qui donne sur l’extérieur. Elle ajoute un conseil précieux : « Surtout, n’allez pas vers le Jourdain, mais allez dans l’autre direction, dans la montagne, et restez-y cachés pendant trois jours, le temps que les services du roi reviennent à la ville, pour ne pas vous précipiter dans leurs bras. » Cette stratégie s’avèrera payante.
Mais avant de les congédier, Rahab va s’adresser à ces hommes. Elle va leur dire la chose suivante(2) :
« Je sais que YHWH vous a donné (cette) terre. La terreur de vous s’est emparée de nous et tous les habitants de (cette) terre tremblent devant vous. Car nous avons entendu que YHWH a asséché la mer des Joncs devant vous quand vous êtes sortis d’Égypte, et ce que vous avez fait aux deux rois amorites au-delà du Jourdain, à Sihon et à Og, que vous avez voués à l’interdit. Nous l’avons entendu, notre cœur a fondu et l’esprit de chacun ne s’en est pas encore remis, car YHWH, votre Dieu, il est Dieu en haut dans les cieux et en bas sur la terre. Maintenant, jurez-moi devant YHWH, à moi qui ai agi avec bienveillance à votre égard, que vous aussi, vous agirez avec bienveillance à l’égard de ma famille, et donnez-moi un signe qui l’authentifie. Vous laisserez la vie à mon père, ma mère, mon frère et ma sœur, et à tous les leurs ; vous nous sauverez de la mort. »
Rahab a compris que ...