Avec l’ensemble de la chrétienté, nous recevons la confession de l’apôtre Pierre : Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant, comme le texte clé qui fonde théologiquement l’Église en raison du commentaire qu’y ajoute Jésus. Tous n’en tirent pas ensuite les mêmes conclusions en matière de conception de l’Église, vous le savez, mais je ne vais pas m’étendre sur cette question controversée. Ce sur quoi je souhaite attirer votre attention, c’est que cette déclaration fondamentale n’est pas le fruit d’un enseignement magistral du Christ mais d’un dialogue, d’une forme de maïeutique qui me paraît significative. Je formule ainsi l’hypothèse que la fidélité à la confession de Pierre n’est pas seulement une question de répétition - Tu es le Christ, le Fils du Dieu vivant - mais aussi une question de dialogue avec le Seigneur en lien avec ce qu’on dit de lui dans notre génération et notre culture. Pour le dire autrement, nous avons aussi à répondre en tant qu’Église à la question du Seigneur : Et vous, qui dites-vous que je suis ? Et je vois trois lieux ou trois moments de la vie de l’Église où ce dialogue doit se poursuivre.
Le discernement théologique tout d’abord : nous sommes les héritiers, non en tant que baptistes seulement, mais en tant que chrétiens, de siècles de tâtonnements, de luttes et d’avancées théologiques. Où serions-nous aujourd’hui si les premiers Conciles de l’histoire de l’Église n’avaient fait triompher les grandes vérités de la foi (trinité, Jésus vrai Dieu et vrai homme, …) contre les hérésies ? Or cette tâche n’est pas achevée : chaque génération en chaque culture doit discerner théologiquement comment l’affirmation de l’identité de Jésus, de sa messianité et de sa divinité doit se formuler pour rester à la fois fidèle à la Révélation et pertinente face aux questions du moment. Et le travail ne manque pas. En France, comme probablement en Occident, la grande question est celle de l’unicité du Christ : comment affirmer l’exclusivité du Christ pour le salut dans une société pluraliste sans prêter inutilement le flanc à l’accusation de fanatisme ? Comment faire entendre la nécessité de la fidélité au Christ à une génération qui fait du papillonnage sentimental et religieux un mode de vie ? Une autre question importante en Occident est celle de la nature du salut offert par le Messie : nos contemporains veulent un salut immédiat fait de bien-être et d’épanouissement personnel et, menacés par la sécularisation de nos sociétés, nous cédons à ce diktat en prêchant un peu trop facilement un Christ à succès, faiseur de miracles et pourvoyeur de prospérité. Est-ce vraiment là ce qu’annonce l’Évangile ?
Comme vous le voyez, la fidélité de l’Église à Christ passe par la tâche difficile et coûteuse du discernement théologique qui me fait dire que si l’IBTS(1) n’existait pas, il faudrait l’inventer !
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