Qu’entend-on par spiritualité ? Par ce terme, nous entendons ici la relation d’une personne avec Dieu avec tout ce que cela implique, et par « pasteur », toute personne engagée dans un ministère et tout particulièrement lorsque celui-ci devient une « profession ». Bien sûr, le pasteur est avant tout un chrétien comme un autre, et tout ce qui est vrai pour chacun est aussi vrai pour lui. Il serait cependant faux de croire que son ministère particulier ne change rien. Contrairement aux autres chrétiens, la vie du pasteur est très largement consacrée à l’enseignement, à l’accompagnement et à la vie de l’Église. La Bible est aussi son instrument de travail quotidien, et cela peut avoir des conséquences. À force de chercher en elle ce qu’il aura à enseigner, les mots qu’il pourra dire à ceux qui en auront besoin, il risque de ne plus l’entendre pour lui. Il peut souffrir d’une sorte « d’overdose » de spiritualité qui rendrait sa propre spiritualité assez terne et difficile sans, peut-être même, qu’il s’en aperçoive.
Pourtant la question est capitale. Car le pasteur ne pourra pas donner plus que ce qu’il a. Il pourra toujours impressionner les membres de son Église par sa parole ou la qualité de son savoir, mais ce qu’il donnera vraiment viendra d’ailleurs, de ce qu’il aura véritablement expérimenté de la vie avec Dieu et de la manière dont il sera capable de « laisser passer » ce que l’Esprit souhaite transmettre à travers lui.
On pense très souvent, dans le protestantisme en tout cas, que la spiritualité tourne autour de la lecture de la Bible et de la prière. C’est certainement vrai, et c’est en reprenant d’abord ces deux pôles que nous voudrions souligner ce que peut avoir de spécifique la spiritualité dont un pasteur a besoin.
A. La méditation de la Bible
La lecture
La Bible est un ensemble de livres et chacun est un tout. Nous sommes en face de récits, de lettres, de poèmes, etc. Il nous faut donc d’abord lire l’ensemble du texte pour pouvoir en comprendre le sens. Il existe aujourd'hui des traductions en français courant qui facilitent cette lecture. Pourquoi ne pas prendre un livre et le lire comme on lirait un roman ? Il ne s’agit pas ici de méditer tel ou tel passage, mais de lire l’ensemble et de comprendre comment il est composé. D'écouter ce que l’auteur nous dit, dans la perspective dans laquelle il l’a écrit. Les événements, les arguments se suivent et leur ordre n’est généralement pas sans intérêt. Il existe aujourd'hui des instruments qui facilitent la lecture de la Bible, par exemple en un ou deux ans. Qui a le courage de se lancer dans cette entreprise en retire toujours un grand bénéfice ! Par ce moyen, nous comprenons l’ensemble de la révélation et nous pouvons en avoir une vision globale. Le pasteur a évidemment besoin de cette compréhension globale de la révélation, de cette vue d’ensemble qui permet ensuite de lire chaque texte « à sa place » et de le recevoir pour ce qu’il a effectivement l’intention de dire. De plus, s’il doit être nourri de la Parole pour en faire profiter les autres, il lui faut la connaître dans sa diversité, sa richesse et sa cohérence, et pas seulement par petits bouts.
L’étude
C’est sans doute la manière d’approcher le texte qui joue le plus sur les deux tableaux. Nous en avons besoin pour notre ministère, mais aussi pour notre nourriture personnelle. Sommes-nous capables (notre emploi du temps nous en laisse-t-il la liberté ?) d’étudier le texte aussi pour lui-même ? Que cela nous serve ensuite, pourquoi pas ? Mais étudions-nous la Bible avant tout pour nous ? Il n’y a là aucune sorte d’égoïsme, mais la conviction que nous avons besoin de nous nourrir nous-mêmes pour pouvoir ensuite apporter aux autres quelque chose de la part de Dieu.
La méditation
C’est cette approche de l’Écriture qui me semble essentielle pour notre sujet.
Nous savons peut-être par expérience que ...