Témoignage de Daniel Borde
Je vous emmène au siècle dernier, dans les années 90. Comme responsable du secteur « missionnaire » de notre union d’Églises, je supervisais la situation professionnelle de nos missionnaires (une soixantaine de couples et plusieurs célibataires). Une responsabilité que j’ai assumée pendant une douzaine d’années.
Au cours de cette période, nous avons connu trois cas de chutes morales, situations pour lesquelles je n’étais ni formé ni préparé. Cela vous tombe dessus sans « crier gare ».
Premier cas
Nouvellement installé dans mon rôle, je fus confronté à une première situation difficile et grave. Il s’agissait d’un adultère entre un responsable de stage et l’épouse d’un couple stagiaire. Les deux étaient mariés. Le couple responsable avait des enfants adolescents, et le couple stagiaire avait de jeunes enfants. Ils habitaient la même ville, pas très loin les uns des autres. Le couple responsable avait déjà quelques difficultés à être redevable envers la direction de notre Union, et lors d’une de mes visites je me suis retrouvé devant un mur lorsque nous avons abordé des questions plus personnelles de vie spirituelle.
Après une visite d’urgence déclenchée par un appel du stagiaire, il m’apprenait par téléphone qu’il y avait eu plusieurs fois des relations adultères entre son épouse et le mari du couple responsable. C’est son épouse qui le lui avait révélé en s’humiliant et lui demandant pardon. Lors de notre rencontre avec le couple responsable, l’épouse du responsable a aussitôt excusé son mari, accusant l’épouse du stagiaire d’être à l’origine de cette situation.
La communication a été immédiatement rompue avec eux après que nous leur ayons annoncé que, dans un premier temps, nous mettions un terme à leur ministère. À la réunion qui a suivi avec le petit groupe de chrétiens qui formait cette Église naissante, nous les informions que nous interrompions, pour l’instant, la poursuite du travail d’implantation de l’Église, n’ayant pas dans l’immédiat quelqu’un qui puisse poursuivre ce ministère. Nous avons rapidement demandé aux responsables d’une autre Église, proche de la nôtre, la possibilité d’accueillir les chrétiens de l’Église et, dans la mesure du possible, de suivre et d’accompagner le couple responsable qu’ils connaissaient bien. Quelque temps après, le couple responsable a été accueilli dans une de leurs cellules, proche de leur lieu d’habitation. Je ne sais pas si une relation d’aide a pu finalement se faire, ce ministère n’étant pas encore bien reconnu dans nos milieux à l’époque.
Le jeune couple a été très ébranlé. La famille a très vite déménagé dans une autre région profitant de la possibilité d’un logement proposé dans leur milieu familial. Avec mon épouse nous les avons visités, car nous étions restés en relation. Ils se reconstruisaient petit à petit et attendaient un autre enfant. Assez rapidement, ils ont fréquenté une Église dont je connaissais le pasteur depuis plusieurs années. Je me suis permis de l’informer du vécu de ce couple stagiaire, pour qu’avec son épouse ils puissent accompagner cette jeune famille.
À l’occasion du déménagement, le collègue coupable souhaita au jeune époux stagiaire « bon divorce », révélant par là qu’il y avait eu un manque flagrant dans son recrutement pour le ministère. C’était l’époque où, dans notre Union, on accueillait facilement tous les volontaires pour le ministère.
Environ quinze ans plus tard, l’époux du couple stagiaire reprit contact avec nous, nous visita et nous apprit qu’il était en train de divorcer de son épouse : elle le trompait depuis deux ans. Récemment nous avons eu la joie d’assister à son remariage, étant toujours suivi par le même pasteur depuis son premier déménagement.
Deuxième cas
Celui-ci est bien différent. Il s’agit d’une situation d’homosexualité avec attouchements coupables. C’était un jeune collègue célibataire, originaire d’un autre continent. Il a fait un très bon travail durant les deux ou trois premières années avant que le problème surgisse avec ...