« Une autre manière d’être chrétien en France »… C’est avec ce titre que Sébastien Fath, dans sa thèse magistrale sur l’implantation baptiste en France, dessine un espace pour le baptisme dans le contexte religieux et socio-culturel de notre pays(1). Cette « autre manière d’être » renvoie aux contextes catholique ou luthéro-réformé au sein desquels le baptisme s’est implanté pour s’affirmer avec ses caractéristiques et son identité.
Les confessions de foi et les enseignements donnés en Église valorisent généralement, à propos du baptême, l’affirmation positive de ce qui est cru, avec son fondement biblique. Mais il est parfois difficile de trouver un cadre pour présenter, dans leur cohérence propre, d’autres conceptions théologiques sur le baptême et les sacrements. Cette démarche est pourtant nécessaire si l’on veut clarifier les enjeux théologiques, adopter un positionnement éclairé, refuser les caricatures, mettre en lumière les spécificités. C’est à cet objectif que répond cet article, appelé également à servir de fondement théologique à l’article suivant qui traitera de l’accueil, dans les Églises baptistes, des chrétiens ayant d’autres convictions sur le baptême(2).
1. La conception catholique
Dans la théologie catholique, les sacrements sont des signes efficaces de la grâce. Ils confèrent une grâce et réalisent ce qu’ils représentent. La grâce du sacrement est conférée « par l’œuvre même accomplie » (ex opere operato) dans l’acte sacramentel : l’efficacité du sacrement ne dépend pas de la foi de celui qui les reçoit. Ils ne sont pas pour autant des actes magiques, dont l’efficacité serait le fruit de leur propre rituel. Car ils sont des actes du Christ : c’est lui qui agit, par le ministre du sacrement. Mais le Christ y agit toujours.
Les dispositions de celui qui reçoit le sacrement entrent en jeu : « chacun reçoit selon sa foi », affirme Augustin. Mais ces dispositions ne ...