25 avril 1923. Famille Kennel

publié le 25 April 2023 à 02h01 par José LONCKE

25 avril 1923. Famille Kennel

Famille d’agriculteurs, industriels et Anciens mennonites, Meuse (55).

La famille Kennel, originaire de Suisse, fait partie de l’immigration anabaptiste implantée dans la Meuse depuis la première moitié du XIXème siècle. D’abord bergers, meuniers et agriculteurs, les Kennel illustrent l’intégration progressive des mennonites français à la nation et à la République, devenant « pasteurs, notables et bientôt maires de père en fils sur trois générations » (Frédéric Schwindt.

Pierre Auguste Kennel (le 17 janvier 1853 à Chassey-Beaupré (55) – le 30 mai 1931 à Ligny-en-Barrois (55)) a été cultivateur à la ferme de Heurtebise (Chevalier du Mérite Agricole en 1901), une de ces exploitations isolées et mises en valeur par les anabaptistes. Il est aussi Ancien de l’Assemblée mennonite de Haute-Marne et devient maire de Chassey-Beaupré en 1919. Une éthique du travail et de l’engagement, leurs conceptions religieuses et une structuration en clans familiaux peut expliquer la réussite matérielle de la famille. Le passage du statut de locataire à celui de propriétaire, l’extension du domaine, les remembrements et la modernisation sont récompensés par une certaine prospérité : en 1962, l’exploitation fait 130 ha, alors que la superficie moyenne dans la région est de 60ha. Surtout, la ferme Kennel est connue pour employer des ouvriers agricoles recrutés dans les prisons et « parmi les buveurs à désintoxiquer » (Jean Séguy). Marié à Marie Herschy (1856-1938) en 1880, ils ont six enfants (Benjamin, Pierre, Marthe, Jean-Louis, Joseph et Hélène, morte à la naissance).

À la suite de son père, Joseph Kennel (le 8 novembre 1884, à Chassey-Beaupré – le 13 mai 1959, à Chassey-Beaupré) assume des responsabilités politiques locales en devenant maire de Chassey, de 1920 à 1948. Il est un maire novateur. Ainsi, en 1936, il fournit l’eau courante au village par le forage d’un puits profond (83m) et l’édification d’un château d’eau (1938). Son mandat est marqué par la venue de Raymond Poincaré le 26 août 1923, alors député de la circonscription. Le discours du mennonite Kennel témoigne, par son patriotisme et son lyrisme, de l’assimilation d’une partie grandissante des mennonites ; il témoigne aussi de l’affaiblissement du pacifisme et de leur principe séparatiste. Son engagement est aussi religieux : il est consacré Ancien le 24 mai 1936. Il crée enfin « une petite affaire », une usine de chaises, adjointe à une scierie, qui emploie avant 1939 une cinquantaine d’ouvriers. Il crée également une fromagerie, la « Coopérative Laitière de Chassey-Luméville » (1949) qui donne un débouché à la production de lait des villages environnants. Elle fabrique essentiellement du Saint-Paulin de la marque « Le Fin Bouquet ». 

Sa carrière reflète la diversification sociologique de la communauté par le passage de la terre à l’industrie ; mais elle est exprime aussi une préoccupation chrétienne et sociale : « Elle se double de la volonté de donner du travail, un logement décent et une éducation à des famille immigrées, certaines musulmanes, ou à des repris de justice » (Frédéric Schwindt). Marié à Valentine Pelsy (1894-1977), ils ont cinq enfants (Léa, Pierre, Jean, René et Lydie).

Jean Kennel (le 25 avril 1923, Chassey-Beaupré (55) – 26 avril 2009, Chassey-Beaupré (55)) reprend cette affaire familiale, dont il perpétue le devoir « qui consiste à investir la réussite matérielle évidente de la famille en direction du prochaine et de la collectivité ». Il assure aussi les fonctions d’Ancien de l’Assemblée mennonite de Ligny-en-Barrois et de maire de Chassey-Beaupré durant trois mandats successifs, de 1959 à 1977 puis de 1983 à 1989. Marié à Hélène Rychen (née en 1929), avec qui il a eu cinq enfants. Leur fils, Armin Kennel, est le maire de Chassey depuis 2020

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Sources : José Loncke, « 24 mai 1936. Joseph Kennel de Chassey-Beaupré », www.croirepublication.com; Jean Séguy, Les assemblées anabaptistes-mennonites de France, Paris-La Haye, Mouton, 1977. Frédéric Schwindt, « L’autre versant de la Réforme. Les anabaptistes-mennonites en Lorraine (XVIe-XXIe sièce) » in Julien Léonard, Laurent Jalabert (dir.), Les protestantismes en Lorraine (XVIe-XXIe siècle), Villeneuve d'Ascq, Presses universitaires du Septentrion, 2019, p. 561-648. Documentation personnelle.

Stéphane Zehr

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