30 juin 2014. Christian Führer, les prières du lundi, et la chute du Mur de Berlin.
A Leipzig on peut voir la « Sankt Nicolaikirche » ; C’est une belle église romane du 12ème siècle, rénovée u 16ème siècle en style gothique. C’est le plus ancienne de la ville. L’intérieur fut entièrement baroquisé (immenses chapiteaux en forme de palmiers vert pâle).
Mais elle est surtout connue désormais pour avoir été le lieu où la population se réunissait autour du pasteur Christian Führer (1943- 30 juin 2014), qui devient en 1980 pasteur de l'église Saint-Nicolas, poste qu'il occupera jusqu'en 2008. Le 20 septembre 1982 débutent dans cette église désignée "ouverte pour tous" les Montagsgebete, les prières du lundi. L'initiative vient d'un groupe de jeunes qui veut prier pour la paix dans un pays où l'athéisme gagne de plus en plus rapidement du terrain. Toutes les semaines se retrouvent les paroissiens. Parfois en très petit groupe, parfois en plus grand nombre. Petit à petit se mettent en place des groupes de discussions sur ceux qui souhaitent quitter le pays. Ce furent là le point de départ d’un mouvement des grandes manifestations de 1989 qui allait mener à la chute du Mur de Berlin le 9 novembre 1989, et l’amorce du tournant pacifique vers l’unification de l’Allemagne.
Dès 17h affluaient des dizaines d’agents de la Stasi bardés d’appareils photo pour identifier les dissidents. Un soir où tous les premiers rangs étaient déjà monopolisés par les policiers, le pasteur s’approcha d’eux : « Camarades, ce n’est pas la peine d’arriver si tôt, les vrais prolétaires, eux, sont encore au boulot ».
Sur la place, à gauche de l’église, on peut voir la fontaine de « la goutte qui fit déborder le vase » et les traces peintes d’innombrables pieds pour symboliser les milliers d’opposants qui ne pouvaient entrer dans l’église, faute de place.