20 Juin 1926. Auguste Piccard

publié le 20 June 2023 à 02h01 par José LONCKE

20 Juin 1926 Auguste Piccard

Brillant savant et génial inventeur, il a passé sa vie à poursuivre sa vocation de physicien, d'aéronaute et d'explorateur des abysses. Il fut immortalisé sous les traits du Pr Tournesol. Hergé l'admirait pour ses capacités intellectuelles et sa physionomie:

Autant praticien que théoricien, Auguste Piccard était bien Tryphon Tournesol: la tête et les jambes, un génial inventeur qui concevait et construisait ses propres engins.

Auguste Piccard physicien, docteur des sciences naturelles, professeur à l'Ecole polytechnique de Zurich, il s'intéresse à tout, avec quelques domaines de prédilection. Depuis qu'il a assisté à Paris, en 1912, à la coupe Gordon-Bennett de ballons libres, Auguste poursuit une double vocation de physicien et d'aéronaute. Il n'aura de cesse de prendre les airs en motivant chacun de ses exploits par des expériences scientifiques.

Ainsi, le 20 juin 1926, lorsqu'il s'élève dans l'atmosphère de Bruxelles pour son premier grand vol à 4 500 mètres d'altitude, c'est pour vérifier la théorie de la relativité. La réussite de ce voyage lui apporte une certaine reconnaissance. Piccard noue des liens étroits avec Albert Einstein, le Français Louis de Broglie, l'Allemand Max Planck ou le Danois Niels Bohr.

Au début des années 30, celui que ses pairs surnomment «Décimale supérieure» caresse un rêve insensé : atteindre la stratosphère en ballon pour y débusquer les secrets des rayons cosmiques. Il voudrait s'élever du côté du royaume des anges: à 16 000 mètres!

Le savant se met au travail et conçoit un engin démesuré (le volume de l'enveloppe du ballon, en coton caoutchouté, atteint 14 130 m3). Piccard résout le problème de la respiration en adoptant une cabine en aluminium pressurisée (donc étanche) de 2,1 mètres de diamètre, pesant 1 tonne. Le 27 mai 1931, le ballon, bardé d'instruments est fin prêt. Au bout d'une demi-heure, les voilà sur le plafond du monde, à 15 781 mètres ! Dans le livre où il retrace son épopée, "Au-dessus des nuages" (1933), le professeur raconte: «La beauté de ce ciel est ce que j'ai vu de plus poignant ; il n'est plus d'azur, mais sombre, bleu foncé ou plutôt violet, presque noir.»

Piccard est le premier homme dans l'espace. Une prééminence que les scientifiques russes lui reconnaîtront lorsqu'en avril 1961 Youri Gagarine effectuera le premier vol spatial.

Le 18 août 1931, il effectue une seconde ascension, sans encombre cette fois, qui permet de mesurer l'intensité du rayonnement du sol à la stratosphère. Le défi scientifique est gagné.
Il rédige de nombreuses publications où il met en avant le rôle de la couche d'ozone et séduit par sa vision de l'espace. Dès 1933, il croit possible d'atteindre la Lune en fusée. Ses travaux serviront notamment la science-fiction et la bande dessinée, puisque Hergé s'en est largement inspiré pour rédiger "Objectif Lune" et "On a marché sur la Lune".

Après le très-haut, le voilà qui s'attaque au très-bas en voulant créer un appareil d'exploration sous-marine. Dès 1948, il conçoit son nouvel engin, qu'il nomme «bathyscaphe». La plongée inaugurale s'effectue au large du cap Vert, le 28 octobre 1948, en compagnie de Théodore Monod.

L'aventure repart avec son fils Jacques, le Piccard de deuxième génération, cette fois sous les couleurs italiennes. Le Trieste va battre un premier record de 3 150 mètres au large de Capri, avec, à bord, Auguste, le savant, et Jacques, devenu expert en pilotage. Désormais, c'est lui qui sera aux commandes de cet appareil très délicat à conduire à la descente et, encore plus, à la remontée. Au côté de son père, il apprend tout de la physique de l'atmosphère et des océans, s'initie à toutes les technologies nécessaires à l'amélioration du bathyscaphe.

En 1960, l'US Navy envoie l'océanographe Don Walsh plonger avec Jacques Piccard dans la fosse des Mariannes, la plus profonde, au milieu du Pacifique. Nouveau record battu : 10 916 mètres. Personne ne l'égalera jamais.
Il adopte la passion de son père pour l'écologie et crée la Fondation pour l'étude de la mer et des lacs, installée sur un promontoire au-dessus du Léman, face au mont Blanc.

Bertrand, le fils aîné de Jacques participe en 1992 à la première grande course en montgolfière à travers l'Atlantique, organisée pour célébrer l'anniversaire de la découverte de l'Amérique par Christophe Colomb. Le spectacle est si beau que l'idée d'un tour du monde s'impose. Comme son père et son grand-père, soutenu par la foi intense des protestants vaudois, il surmonte les échecs qui ne sont pour lui que des péripéties terrestres. Il devient le recordman du vol le plus long.
Dernier exploit du siècle, ce tour du monde permet aux Piccard de boucler la boucle, à Bertrand de rendre hommage à son grand-père, Auguste, le savant. «Je me suis senti guidé par une main invisible», déclare-t-il en arrivant en Egypte.

Il a grandi dans une famille de culture protestante : son grand-père maternel est pasteur, réformé, et exerce, notamment, dans les Alpes vaudoises.

Sa grand-mère paternelle est « une huguenote française ». Bertrand Piccard ne nie pas l’existence d’un Dieu.

« Je crois toujours que Dieu ne peut pas être appréhendé avec des mots humains. Il est tellement supérieur à l’homme que ce serait prétentieux de notre part de vouloir lui attribuer des émotions, des qualités, ou une volonté humaine, développe-t-il. Si Dieu peut être compris avec des mots humains, c’est qu’il n’y a pas de transcendance. Je crois qu’il y a un niveau qu’on ne peut pas comprendre sans nous rapprocher nous-même de Dieu. »

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