Hans Sachs (1494-1576), né le 5 novembre 1494 et mort le 19 janvier 1576 était un poète allemand.
Cordonnier poète, célèbre maître chanteur, Hans Sachs fut un des écrivains les plus productifs de l'époque de la Réforme. Né et mort à Nuremberg, il y passa la plus grande partie de sa vie.
Sa longue vie et sa facilité d'écriture lui permettront de laisser une œuvre immense (plus de six mille titres).
Il compose, selon l'usage, des chants religieux, puis des œuvres profanes, inspirées du Décaméron de Boccace. Il déploie également son humour dans des Jeux de carnaval, genre dans lequel il excellera.
À partir de 1520, il met son talent au service de la Réforme à laquelle il adhère ouvertement. Dans son, Rossignol de Wittenberg, de 1523, utilise une allégorie à la gloire de Luther pour mettre les idées de Luther à la portée de ses contemporains.
Richard Wagner en a fait un personnage central de son opéra "Les Maîtres Chanteurs de Nuremberg" (1868), utilisant même la mélodie de son chant Le Rossignol de Wittenberg (1523). Il porte la référence WWV 96 du catalogue de ses œuvres. Il fut créé le 21 juin 1868 à Munich.
« Le Rossignol de Wittenberg » est également un drame historique d’August Strinberg, La jeunesse du Réformateur Martin Luther vue par August Strindberg. Ecrit en 1903, juste après Gustave III. Le titre: le rossignol de Wittenberg fait référence au long poème que le Meistersinger Hans Sachs consacra en 1523 au réformateur Martin Luther.
Le rossignol, c'est Luther. La lune, ce sont les fausses doctrines et les inventions humaines substituées à la pure lumière de l’Evangile. Quant au lion...
Hymne à la Réforme
Réveillez-vous ! Voici le jour qui s’avance !
J’entends sous le vert bosquet chanter un gentil rossignol !
Sa voix résonne par monts et par vaux.
La nuit s’incline vers l’occident, le jour se lève à l’orient,
Les flammes de l’aurore se répandent à travers les sombres nuages ;
Le soleil radieux perce leur voile ;
La clarté de la lune s’efface et devient pâle et obscure.
Jadis celle-ci, par sa trompeuse lueur,
A aveuglé le troupeau de brebis tout entier,
De sorte qu’elles se sont détournées de leur berger et de leur pâturage,
Et que, suivant la lumière de la lune et la voix du Lion qui les appelait,
Elles se sont égarées au milieu des bois et des ronces des déserts…
Protestant, Hans Sachs voulait aussi convaincre. Dans ses pièces de théâtre et ses fables, il a peint le faible et les fautes pour en tirer des leçons. L’action même de la fable fait ressortir que le péché est nuisible, qu’il est à y bien regarder, pure folie.
La morale de la fable ne manque pas d’être reprise et soulignée au bon publique. Mais un auteur de farces doit amuser. Et Sachs pouvait faire rire. C’et dans le comique de situation qu’il a eu ses meilleurs trouvailles.
Dans le contexte totalement différent d'aujourd'hui, on est étonné par l'actualité de cette fable...
Le naïf meunier et les coquins
Naguère vivait en Saxe un meunier simple d’esprit.
Son moulin était situé dans une solitude, sur un frais et clair ruisseau.
C’est là qu’il vivait avec sa femme, travaillant jour et nuit,
Si bien qu’après des années il avait amassé une somme fort rondelette.
Le magot fut flairé par quelques fripons…
Ces drôles se réunirent au nombre de treize, pour exécuter un étrange tour de coquinerie.
Quatre d’entre eux furent envoyés la nuit vers le moulin…
Ils jetèrent dans une pièce d’eau qui se trouvait là,
Quelques carpes et autres poissons. Cela fait ils se retirèrent sans bruit.
Le lendemain, la bande se mit en route de bon matin ;
Douze d’entre eux marchaient nu-tête et nu-pieds, drapés dans des manteaux
Et affectant une humble contenance, comme s’ils étaient les douze apôtres.
Le treizième, un grand gaillard, était revêtu d’une belle tunique brune,
Comme s’il était bon dieu en personne.
En cette sainte attitude ils entrèrent dans le moulin, où le meunier se trouvait seul.
D’une voix solennelle, Seigneur prononça cette salutation :
La paix soit dans cette maison ! J’entre chez toi avec mes douze disciples bien-aimés,
Prépare-nous à manger ! Je te rémunérerai largement et te ferai riche par ma bénédiction. »…
Pierre, dirige-toi vers la pièce d’eau derrière le moulin et,
En mon nom prends avec ce grand hameçon un bon plat de poissons.
Le meunier dit à bon dieu : Seigneur, sur ma foi, jamais il n’y entra de poisson…
Pierre y plongea sa ligne et prit trois ou quatre carpes et autres poissons.
Le meunier émerveillé ne sut que dire de ce miracle…
Le repas achevé, Seigneur dit au meunier : Va à présent,
Apporte-moi ton trésor afin que j’en triple la valeur par une bénédiction.
Le meunier courut et rapporta sur ses épaules un sac contenant trois cents florins…
Debout près de la table Seigneur fit mine de vouloir bénir le trésor.
Pendant ce temps, un de nos marauds (c’était Saint-Pierre) tenait son manteau étendu
Et d’une seule rafle bon Dieu fit tomber l’argent dedans ;
Puis Seigneur et ses apôtres de détaler à toutes jambes.
Source : Charles Schweitzer, Un poète allemand au XVIème sicle, Étude sur la vie et les œuvres de Hans Sachs, Berger-Levrault, 1887.