Le 27 février 1559, Frédéric III devient prince-électeur du Palatinat., une région de la future Allemagne. Il devait à juste titre, être appelé le « Pieux ».
En accédant au pouvoir il fit la prière suivante : „Que le Dieu Tout-Puissant m‘accorde, pour entrer dans cette dignité et cette charge suprême, sagesse, intelligence et paix dès maintenant et à jamais. Qu‘il me donne son Saint-Esprit, par la miséricorde de son Fils bien-aimé, afin que je m‘acquitte de la tâche qui m‘est imposée à l‘honneur et à la gloire de Dieu, pour la sanctification de son nom, pour l‘accomplissement de ses desseins cachés et comme devant, au dernier jour, en rendre compte devant le Tribunal de Jésus-Christ“.
C‘est à son initiative que nous devons Le catéchisme de Heidelberg, joyau de la piété chrétienne, biblique et réformée. Publié en allemand pour la première fois le 15 janvier 1563.
Le Catéchisme de Heidelberg est un texte clé de la Réforme protestante.
Cette œuvre est rédigée sous la forme interrogative. Elle contient 129 questions et réponses réparties en 52 sections appelées «dimanche».
«L’idée était de faire le tour de ce catéchisme en une année. Le dimanche matin avait lieu le culte et le dimanche après-midi le catéchisme pour tous». Les catéchumènes devaient l’apprendre par cœur.
Ce catéchisme est constitué de trois parties ainsi que d’une introduction. L’introduction pose la question de la consolation: «Quelle est ton unique consolation dans la vie et dans la mort?». Chaque réponse est basée sur plusieurs références bibliques. Dans les trois parties, le catéchisme aborde successivement la question du péché, intitulée «De la misère de l’homme», puis de la délivrance du péché, «De la délivrance de l’homme» et finalement de la gratitude envers Dieu pour cette délivrance, «De la reconnaissance».
Avant la Réforme, il n’y avait pas de catéchisme. Ils ont été créés après la Réforme pour surmonter essentiellement l’inculture religieuse galopante. Au Moyen-Age, c’est la religion du rite. Avec la Réforme, on passe à une religion de l’écoute et de la lecture. Ainsi, le catéchisme a permis à la population d’apprendre à lire et aussi d’apprendre d’autres langues grâce aux versions bilingues.
A cette époque, il y avait aussi, entre autres, les catéchismes de Luther et de Calvin, l’un plus anthropologique, l’autre plus théologique. Le catéchisme de Heidelberg est un peu un «mélange des deux.
«Ce catéchisme s’adresse aux catéchumènes. Il les interpelle, leur demande en quoi cela les concerne. Il cherche à ébranler le lecteur, c’est ce qui a fait son succès». Il est rapidement devenu une confession de foi normative.
La défense la plus émouvante du Catéchisme est venue de l’homme qui, avant tout autre, avait donné l’impulsion initiale à sa composition, soit le prince électeur Frédéric III.
Sommé de comparaître à la diète d’Augsbourg en 1566, Frédéric III a été appelé à défendre le Catéchisme de Heidelberg devant un public vraiment hostile, parmi lequel se trouvait l’empereur Maximilien II lui-même. Il s’est levé et a parlé comme suit:
"En ce qui concerne mon catéchisme, c’est ce que je confesse. Il est également si solidement ancré dans les Écritures Saintes, citées en marge, qu’il s’est avéré irréfutable. En effet, jusqu’à présent vous n’avez pas réussi à le réfuter et j’espère qu’avec l’aide de Dieu il continuera à être irréfutable longtemps encore…
S’il s’avère que quelqu’un, jeune ou vieux, savant ou illettré, ami ou ennemi, même le plus humble serviteur à la cuisine ou à l’étable, puisse, en se fondant sur la Parole de Dieu, m’enseigner de meilleure manière ou me donner des informations plus éclairées sur les Écritures bibliques de l’Ancien et du Nouveau Testament, en dehors desquelles il n’y a pas de salut, alors je lui en serai reconnaissant, ainsi qu’à Dieu, et me soumettrai de ce fait à Dieu et à sa sainte Parole. S’il y a ici présents dans cette assemblée des messieurs ou de mes amis qui voudraient le nier, je serais alors heureux de les entendre; nous pouvons sans aucun doute trouver rapidement une Bible ici…
Si toutefois ma plus humble confiance devait se révéler vaine et que malgré cette offre chrétienne et honnête de ma part, on décidait de manière arrêtée de prendre des mesures contre moi ou si on envisageait de le faire, je trouverais ma consolation dans la promesse certaine qui m’a été donnée, ainsi qu’à tous les croyants, par mon Seigneur et Sauveur Jésus-Christ, à l’effet que tout ce que je perdrai pour son honneur et pour son nom me sera rendu au centuple dans l’autre monde. C’est ainsi que je désire me recommander à la grâce de votre Majesté impériale".
Après avoir entendu l’électeur défendre ainsi le Catéchisme, un membre de la cour impériale a déclaré:
« Frédéric, vous êtes un homme meilleur que n’importe lequel d’entre nous. » Un autre a ajouté ces paroles: « Pourquoi attaquez-vous cet homme? Il est plus saint que n’importe qui parmi nous. »
Au 20ème siècle, le Catéchisme de Heidelberg a été une source d’inspiration pour la résistance protestante, face au nazisme, par exemple. «La question posée dans l’introduction «quelle est ton unique consolation?» est tout à fait pertinente. L’idée d’appartenance à Dieu est un moyen d’opposition à toutes les formes de totalitarisme».
Site : http://www.heidelberg-catechism.com/fr/