Hanz Gutierrez, Au temps du coronavisur – Chroniques d’un monde en quête de remèdes, Villeurbane 2021, Éditions Palanquée – ISBN 978-2-9557870-8-3 – 144 pages – 11 €
Originaire du Pérou, Hanz Gutierrez est diplômé en philosophie, en théologie et en médecine. Passionné par les sciences humaines et religieuses, il s’intéresse aux questions de bioéthique et de santé. Sa curiosité des autres et du monde qui l’entoure le rend sensible aux arts et à la littérature. Après avoir été étudiant, enseignant et chercheur dans les universités de Strasbourg (où il a défendu une thèse sur l’herméneutique de Jürgen Moltmann), Loma-Linda (Californie) et Tübingen (Allemagne), il est aujourd’hui professeur à la Faculté de théologie adventiste à Florence, en Italie.
Ce livre, écrit durant la première vague du corona virus (mars à octobre 2020), partage quelques réflexions à chaud sur ce qui arrive. On pourrait comparer sa démarche à celle de Boccace : en 1348, alors que l’Europe était ravagée par la terrible épidémie de peste, Boccace s’était retiré de Florence avec des amis pour retrouver de la beauté, loin des horreurs de la mort qui rôde. De leurs échanges durant ces dix jours symboliques, naîtra le fameux Décaméron (de déca, dix et (he)meron, jours). À l’instar de Boccace, l’auteur nous invite à une prise de recul similaire face à la pandémie de Corona – pas forcément physique, car internet nous offre de merveilleuses possibilités insoupçonnables auparavant. L’important est que son imagination puisse retrouver de l’espace pour créer.
Pour réfléchir à la crise engendrée par la pandémie, Hanz Gutierrez fait des parallèles avec diverses situations semblables, réelles ou imaginaires, décrites par diverses œuvres de portée universelles. Ainsi, avec Gabriel García Márquez(1), il nous invite à retrouver les valeurs d’amour, de lenteur, de vulnérabilité, de solidarité et d’humilité qui caractérisent les héros de son roman « L’amour au temps du choléra ». Avec l’Antigone, de Sophocle, il nous fait réfléchir à l’importance à apporter du soin à la personne, on pourrait dire la préoccupation de l’humain, quand domine le souci d’efficacité. « La peste » de Camus, « La Guerre du Péloponnèse » de Thucydide, qui relate l’épidémie de peste qui frappa Athènes en -429, et d’autres auteurs, comme Lucrèce, lui inspirent des réflexions dont on peut tirer profit en période de crise, comme celle du Corona. Il termine son parcours en méditant des textes des Psaumes de David, particulièrement le Psaume 61 où l’auteur trouve en Dieu refuge, écoute et confiance.
Ce livre apporte des réflexions intéressantes face à la pandémie de Covid-19. Il montre que des non-chrétiens ont pu avoir des intuitions et prôner des valeurs évangéliques, mais son traitement des Psaumes, s’il est bien le point culminant de son parcours, n’apporte guère plus que ce qu’un lecteur fidèle de la Bible pourrait y trouver. Pourquoi n’a-t-il pas traité de l’attitude de David face à une épidémie (de peste ?) comme celle racontée en 2 S 24 = 1 Ch 21 ?