Fadiey Lovsky, Notules bibliques – Brèves méditations de quelques passages des deux Testaments – Paris 2020, Éd. Parole et Silence - ISBN 978-2-88959-210-4 – 432 pages – € 24,--.
Fadiey Lovsky (1914-2015), professeur d'histoire, appartenait à l’Église réformée de France. Cofondateur de l’Amitié Judéo-Chrétienne de France en 1948, il dirigea les Cahiers d'Études Juives de la revue protestante Foi & Vie, et devint secrétaire, puis président de la commission "Église et peuple d'Israël" de la Fédération protestante de France. En 2000, il reçut le Prix de l'Amitié Judéo-Chrétienne de France. Il est l'auteur, entre autres, de deux ouvrages remarqués : Antisémitisme et Mystère d'Israël (1955) et La déchirure de l'absence (1971).
Ces Notules bibliques sont un ouvrage posthume que la fille de l’auteur a eu la bonne idée de sortir de ses tiroirs et de mettre à la portée du public. Elles ont reçu de magnifiques préfaces du pasteur David Bouillon, professeur à la HET-PRO, et de Pierre d'Ornellas, Archevêque de Rennes. Ce sont de courtes méditations qui vont de deux lignes à deux ou trois pages (rarement davantage), sans verbiage ni délayage, qui donnent des réflexions percutantes comme un coup de poing. Elles vous tirent vers le ciel, comme un avion le fait d’un planeur, puis, quand le filin est décroché, vous laissent poursuivre votre réflexion en vol libre.
Une centaine de pages du volume est consacrée au Premier Testament, avec une place de choix réservée aux livres de la Genèse et de Job. La deuxième partie, sur le Nouveau Testament, remplissent les trois quarts du volume avec une large place pour les quatre Évangiles.
Comme l’auteur suit les livres bibliques dans leur ordre et partage les pensées qu’ils lui inspirent, il est difficile de trouver un fil rouge qui permettrait d’en donner un résumé. On est frappé par sa proximité simple et sa familiarité avec Dieu et les personnages bibliques : il n’hésite pas à entrer en dialogue avec eux et à les interpeler à l’occasion. De cette façon, il rejoint le lecteur et exprime les questions potentielles qu’il pourrait se poser.
Le souci de l’unité des chrétiens au sein de l’Église, quelle que soit la dénomination à laquelle ils appartiennent est sous-jacent à sa pensée. À ses yeux, elle est liée à la place que l’Église accorde à Israël et à la relation qu’elle entretient avec le peuple élu. Il voit dans la rupture entre l’Église et Israël, au cours des premiers siècles de l’ère chrétienne, l’archétype des schismes successifs qui se sont produits ultérieurement au sein de l’Église. Il s’en explique aux pp 52ss à propos de la relation entre Saül et David : ce dernier, bien que choisi par Dieu pour remplacer Saül, n’en a pas moins continué à l’honorer comme l’oint de Dieu et a refusé de porter la main sur lui. Fadiey Lovsky conclut : « La pierre de touche de notre amour entre chrétiens, et de notre espérance à leur sujet (même s’ils nous déroutent ou nous condamnent), c’est notre respect pour les juifs, à cause de leur Élection en vue de leur plénitude. L’origine de nos divisions, c’est que si nous avions surpris Saül endormi, nous l’aurions tué ». À ce sujet relevons les pages lumineuses qu’il consacre à Romains 9-12 (pp 339-345).
Ce méditations très concrètes et rafraîchissantes sortent des sentiers battus. Elles pourront aussi bien accompagner un premier parcours de découverte de la Bible, que renouveler et stimuler la réflexion des lecteurs les plus chevronnés. À consommer sans modération !