J’ai perdu la foi quand ma première épouse est décédée d’une maladie à 42 ans. Comment Dieu pouvait me voler ma femme, moi qui avais toujours été très croyant ?
Pourquoi une telle « punition » ?
Petit, j’avais été enfant de chœur et avais fait ma première communion. Je m’étais marié religieusement et nous menions une vie paisible. Ma femme faisait du catéchisme tandis que j’aidais des alcooliques à s’en sortir. Sa mort prématurée m’a mis en révolte contre Dieu.
Du jour au lendemain, je me suis retrouvé seul avec nos trois enfants, seul avec ma haine contre Dieu. J’étais complètement désarmé : une femme dans un foyer, c’est tout : la tendresse, l’affection, la confidente, celle qui s’occupe des enfants et fait tourner la maison. Tout est parti avec elle.
Personne ne s’est proposé pour venir me donner un coup de main. Personne, à l’église où ma femme était pourtant très impliquée, ne m’a invité à prendre un café pour voir comment j’allais… C’est ça la religion, me suis-je dit ? Je n’avais que de la haine dans le cœur.
Deux ans après la mort de ma femme, j’ai rencontré Dominique aux Alcooliques Anonymes où je continuais à aider. Battue par son mari, elle avait fini par divorcer et s’était mise à boire.
Dominique avait trouvé un travail de femme de ménage, notamment chez le pasteur de l’Église réformée. Un jour qu’elle évoquait ses problèmes, le pasteur lui a parlé du Parcours Alpha, en lui disant qu’elle serait la bienvenue si elle le souhaitait. Sans aucune obligation. Il lui a proposé de rencontrer des gens susceptibles d’être à l’écoute. Nous y sommes allés ensemble.
J’ai pu enfin dire ma souffrance et être écouté
Dès la première soirée, nous avons été accueillis à bras ouverts. Tout le monde se faisait la bise et se tutoyait. L’ambiance conviviale m’a plu tout de suite. Très simplement, j’ai pu dire toute la révolte que j’avais en moi : ce deuil que je n’avais pas mérité, et tout un tas de questions que je me posais : comment Dieu pouvait permettre toutes les souffrances qu’il y a sur terre et ne rien faire ? L’écoute a été de qualité et je n’ai pas été interrompu, même quand je blasphémais. Cette simplicité et cette camaraderie nous ont séduits. Nous sommes donc revenus.
Les soirées étaient agréables et les participants très sympathiques et amusants. Plus le temps passait, plus des liens forts se créaient entre nous tous, jusqu’à un déclic lors d’un week-end. J’ai réalisé que Dieu avait, lui aussi, été à l’écoute de ma révolte et j’avais soudainement la preuve et la certitude qu’Il ne m’avait jamais laissé tomber. Peut-être que ce n’était pas lui le fautif, mais moi qui n’avais pas su être à son écoute. Derrière nous, le pasteur a souri. Je lui ai alors demandé s’il pouvait nous marier devant Dieu.
Notre mariage a été célébré la semaine suivante, devant tout notre groupe Alpha, nos nouveaux amis. Le chien errant et hargneux que j’étais a trouvé un foyer d’adoption dans la maison de Dieu.