Fils de Pieds-Noirs d’Algérie, j’ai été sensibilisé aux richesses de Dieu par mon éducation. La prière, le catéchisme, l’Église... m’ont donné une certaine connaissance de Dieu.
Toutefois, je me suis rendu compte au fur et à mesure que je grandissais que le monde qui m’entourait était différent du monde de Dieu que j’avais appris. Le décalage entre les deux n’a cessé de grandir jusqu’à ce que je devienne athée. La philosophie sartrienne est devenue la mienne : « Le lâche se fait lâche, le héros se fait héros... » Je ne croyais qu’en moi.
La dégringolade
Je suis devenu musicien semi-professionnel. Pendant sept années, j’ai sillonné la France et au-delà. Mon quotidien était fait de concerts, TV, CD mais aussi de drogue et d’alcool. Je n’étais jamais rassasié par aucun plaisir. Je haïssais la société que je trouvais injuste. Il m’arrivait de me promener le soir avec une bande de copains en cherchant quel symbole de la société nous allions brûler : porte de Mairie, camion de police... Heureusement, on n’a pas pu le faire.
Mes excès m’ont conduit sournoisement à la dépression. J’ai alors cherché à m’en sortir au travers du bouddhisme, yoga-nidra, voyages astraux, psychothérapeutes et autres... Mais rien ne changeait. La dépression était toujours là.
J’ai finalement lâché la musique et les copains pour passer le Bac. J’avais 27 ans.
Quelques repères sur ma route
J’ai poursuivi des études de lettres à l’université. C’est là que j’ai reçu un jour un Nouveau Testament lors d’une distribution. Par respect, je l’ai conservé dans la table de nuit de ma petite chambre universitaire.
Deux années plus tard, je l’ai sorti pour le lire en me disant : « Si Dieu existe, il pourra m’aider ». Je n’avais rien à perdre puisque j’avais déjà tout essayé pour me sortir de ma dépression. Je me suis retrouvé ainsi dans ma chambre à déclamer des psaumes.
Un peu plus tard, une jeune Africaine m’a témoigné de sa foi. Quand je suis allé dans son église, le pasteur a proposé aux nouveaux de s’approcher, ce que j’ai fait. Nous avons discuté. Il m’a alors dit de demander au Seigneur, le plus sincèrement possible, de venir en moi. J’ai alors essayé de prononcer des mots. Je poussais, je poussais pour qu’ils puissent sortir de ma bouche : « Mon Dieu, s’il te plaît, viens. »
La révélation
À ce moment, j’ai compris que Dieu était venu et m’avait dit : « Tu vois, Philippe, j’existe, je ne suis pas un Dieu imaginaire, un simple motsur une feuille de papier. Je suis un DIEU VIVANT... »
À partir de cette révélation, tout s’éclairait quand je lisais la Bible : un voile avait été ôté. Tout devenait compréhensible. Auparavant, je n’avais qu’une connaissance superficielle des Écritures et maintenant je comprenais tout, en particulier le rôle de Jésus venu mourir pour mes péchés, et me donner une vie nouvelle. La Parole de Dieu vivait dans mon cœur.
Depuis ce moment-là, le processus s’est mis en route. D’étape en étape, de prière en prière et d’exaucement en exaucement, j’ai avancé dans la foi. Dieu me libérait : ma vie spirituelle devenait de plus en plus riche et plus intense.
Tout s’est passé comme la Bible l’indique. J’avais le moindre problème ? Besoin de quelque chose pour ma marche nouvelle ou de modeler un trait de caractère ? Je priais et Dieu me répondait. Confiance et sérénité survenaient, ou la chose s’accomplissait.
Ce furent les premiers pas d’une véritable communication et communion au quotidien avec Dieu. Elle dure encore.
Quand je regarde en arrière
Je me rends compte qu’il faut croire et surtout chercher Jésus le plus sincèrement possible et il vient à nous. J’ai frappé à la petite porte étroite et Jésus me l’a grand ouverte, m’accueillant dans ses bras.
Dieu a complètement reconstruit ma vie. Il m’a donné une femme et des enfants formidables. Voilà maintenant plus de quinze ans que je suis à son service comme pasteur.
3 questions à Philippe Calabria
ÊTRE PASTEUR, CELA CONSISTE EN QUOI ?
Le rôle premier d’un pasteur est d’annoncer l’Évangile, d’enseigner et de prendre soin des chrétiens qui lui sont confiés. Je pense que le pasteur doit aussi être un moteur dans le service que les croyants doivent rendre à leur prochain en difficulté. Croire, c’est aussi servir.
SERVIR, QU’EST-CE QUE CELA VEUT DIRE PRATIQUEMENT POUR VOUS ?
Grâce à notre association culturelle Entraide et partage et à nos 150 bénévoles, nous menons un grand nombre d’actions différentes. Cela va du café servi gratuitement aux gens, aux repas offerts à des familles ou à des sans-abri. En partenariat avec la Banque alimentaire et d’autres associations, nous faisons des distributions de colis alimentaires et nous tournons chaque lundi dans les rues du centre-ville de Lille pour venir en aide aux SDF. Nous sommes aussi sur le terrain des migrants, que ce soit auprès d’un camp de Roms, mais aussi auprès des Érytréens, y compris sur les jungles à Calais.
Nous venons aussi en aide aux associations locales en récoltant des vêtements et des couvertures pour toutes ces personnes en grande précarité. Plus anecdotique mais très important aussi, nous avons pu offrir 1.000 lampes à LED pour ces personnes.
VOUS TRAVAILLEZ AUSSI DANS LA PRÉVENTION ?
Oui. C’est un domaine que nous avons beaucoup à cœur. Nous sommes ainsi partenaires des collectivités locales (y compris police, centres hospitaliers, villes, région...) pour mener des actions de prévention comme La Fête De La Vie - faire face aux dépendances.
Les addictions sont nombreuses dans notre société. Il n’y a pas que l’alcool et la drogue car l’écran est aussi devenu une occasion de dépendance pour beaucoup. Nous sommes heureux que les chrétiens de notre Église s’investissent ainsi dans l’aide aux malheureux. Aider simplement son prochain. C’est cela aussi l’Évangile !