Le père de Cédric et sa mère assurent une « bonne éducation » à leurs enfants. Ils sont polis, bien habillés et bien nourris. Pourtant, derrière les apparences, il en va tout autrement.
Un départ difficile
Son père est en réalité très violent et extrêmement jaloux. Il a maltraité son épouse pendant leurs 34 années de vie conjugale, n’hésitant pas à la faire passer un jour par le carreau. Alors qu’elle est enceinte de Cédric il la laisse partir en plein hiver à l’hôpital en peignoir.
Cédric se souvient aussi de sa grand-mère paternelle : « Elle faisait les cartes et de la voyance. Elle ne nous aimait pas et a essayé de nous jeter des sorts. »
Cédric est un enfant triste. Plus que ses frère et sœur, il est frappé par ses deux parents. Il confesse : « J’ai mis des années à leur pardonner».
Ce n’est guère mieux à l’école où il est racketté par les plus grands.
Tentatives de suicide
Cédric confie : « À 12 ans, après avoir été frappé, j’ai pris beaucoup de comprimés. Je croyais ne plus me réveiller, ne plus souffrir. Ça n’a pas marché. Quand je me suis réveillé le matin mes parents n’ont rien vu ».
À 13 ans il reprend des cachets, mais l’après-midi cette fois. Il raconte : « Quand je suis descendu en titubant, mes parents s’en sont rendu compte et ont appelé l’ambulance. Le médecin m’a fait parler, mes parents ont été mis au pied du mur. J’ai été suivi par le juge, un psy et un éducateur. J’avais demandé à partir dans un foyer, c’était le déshonneur dans la famille. Mon père m’a culpabilisé en me répétant que j’étais un bon à rien, un fainéant et que je ne ferais jamais rien de ma vie. »
Une bombe à retardement
Arrive le jour où Cédric a pris du gabarit. Il n’a plus peur des autres. Rempli de haine, il reproduit la violence de son père. Il n’hésite pas à menacer au couteau un moniteur de colonie.
À 14 ans il intègre une école d’agriculture. Par chance, il y est pensionnaire mais il tombe dans le cannabis et commence à se rebeller contre son père. À 18 ans, il s’engage dans l’armée. Pendant deux ans, c’est super bien, il a de bons copains, il s’amuse mais reste toujours aussi violent.
Damaris apparaît…
Un copain de l’école l’invite chez lui un dimanche. Quand il voit sa sœur, Cédric a le coup de foudre. Il se souvient : « Je savais que c’était elle. Quand ses parents se sont rendu compte que ça devenait sérieux, la mère m’a expliqué qu’ils avaient la foi. Donc, pas de rapports avant le mariage ! » Ça parait bizarre au nouvel amoureux mais il se rend bien compte que tout est différent dans cette famille : c’est plus calme, pas de mots en l’air. Pour la première fois, Cédric entend parler de Dieu. Damaris tombe néanmoins enceinte. Elle a 16 ans et demi et lui 21. Ils se marient peu après.
Toujours la violence
Ils emménagent dans un petit logement et ça repart comme chez ses parents ; il frappe Damaris régulièrement. Un jour, il lui casse deux côtes.
Il avoue : « Pendant six ans c’est le bazar, ma femme a morflé car je suis plus costaud que mon père et j’étais un destructeur ».
En fait, Cédric souffre de sa violence, il ne la veut plus mais elle est à l’époque sa seule façon de répondre. Curieusement, il n’a jamais frappé leur fille, Amandine, aujourd’hui âgée de 15 ans.
Beaucoup de gens prient pour lui dans l’église de son beau-père mais la route est encore bien longue. Il reconnait : « Quand j’ai commencé à crier à Dieu, ma situation a empiré car j’ai insulté Dieu, je devenais parano ». Ça a été des années de grande souffrance, jalonnées de tentatives de suicide. Après la mort de son père, il fait une grosse dépression ; c’est la pire année de sa vie.
Il se rappelle : « J’ai pris un cocktail explosif de 250 cachets. Quand les pompiers sont arrivés, ils ont estimé que c’était trop tard. Quand ils ont vu que je revenais à moi, ils ont dit à ma femme que c’était grâce à Dieu ».
Il a fallu longtemps à Cédric pour émerger. Ses blessures ont été guéries par étapes successives. Un virage marquant s’est opéré à la naissance de Damaëlle, voilà 3 ans. Il le dit lui-même : « J’ai enfin mis le Seigneur dans ma vie. Dieu a restauré ma famille que j’avais détruite ».
Ce 24 juin dernier, c’était le jour de son baptême. Le Seigneur lui a montré qu’il avait pris tout son passé : « Dieu fait les choses naturellement, il ne peut que nous aimer, il nous prend tel qu’on est, c’est merveilleux. Ça ne résout pas tout mais ça nettoie tout. »
Et aujourd’hui ?
Maintenant la vie de Cédric a gagné en beauté. C’est un grand sportif, passionné de vélo et de natation. Il a suivi une formation de plaquiste et effectue des travaux réguliers alors qu’il ne gardait jamais une place autrefois. Il compte même devenir auto-entrepreneur.
« Ce qui est merveilleux, dit-il, c’est que ça se voit sur mon visage, je suis joyeux, j’ai une belle mine ; on projette notre vie intérieure. Alors qu’avant, les gens avaient peur de mon regard satanique ». Damaris de son côté n’a plus peur de son époux.
Quant à la violence, il reconnaît : « Si ça me reprend un peu, je prie immédiatement et ça passe ». Il n’a plus de montée de colère sauf parfois contre lui-même, comme une montée d’adrénaline.
Et de conclure
« Quand je pense au nombre de fois où Dieu m’a tendu la perche... Maintenant je regarde devant, c’est merveilleux. L’impact de la prière a finalement été incroyable ! »
La fin d’un cauchemar
C’est difficile de gérer un gros changement. Mais quand j’écoute le récit de notre vie, ça ne me fait plus mal, c’est comme s’il s’agissait d’un mauvais rêve.
Quand la période des coups a commencé, espacés au début, puis de plus en plus rapprochés, on évite de s’opposer pour éviter le conflit mais tout est prétexte. On fait alors abstraction de sa personnalité, on n’est plus soi-même. Mes parents gardaient souvent Amandine pour la mettre à l’écart des scènes de violence. Me séparer n’était pas envisageable car je ne me voyais pas vivre sans lui or, le soir, il m’arrivait de penser que le tuer était la seule solution pour arrêter le cycle infernal.
Ce qui m’a aidée, c’est que je n’ai jamais cessé de l’aimer. Je savais aussi, qu’on priait pour nous et j’ai beaucoup prié également. De plus, j’avais la conviction qu’il changerait.
Maintenant, c’est la fin d’un cauchemar qu’on ne croit même plus avoir vécu. Il faut s’habituer à la nouvelle vie, le matin il me prépare le petit-déjeuner. Tout a été reconsolidé, c’est mieux que dans mes rêves. Aujourd’hui, on a les disputes normales de couple. J’apprends à redevenir moi-même, sans crainte de m’affirmer. On est passé à une vie de famille aimante, notre couple est encore plus solide.
Je reconnais que le changement de mon mari n’a pu s’opérer que par la grâce de Dieu, c’est pourquoi nous lui exprimons tous deux notre reconnaissance.
Damaris