Je me souviens
Quand j'ai dû emprunter le chemin du divorce, j’étais déchirée comme un arbre éventré par des rafales. Chaque étape de la longue procédure était dans mon cœur comme une nouvelle bourrasque. Les mois passaient mais les tracas ne cessaient pas. Quand je croyais que l'accalmie était enfin là, c'est alors que je me retrouvais au commissariat pour une énième main courante à cause du non-respect de la garde des enfants. Il fallait la renégocier week-end après week-end.
Combien de larmes versées et de nuits sans sommeil ? Des journées entières à essayer de trouver le meilleur fonctionnement entre mon travail, mes fils et ma vie d'Église. Il fallait tenir bon et garder la tête hors de l'eau pour sauver la personne que j'étais ou étais en train de devenir, et pour garder mon foyer en équilibre et protéger mes enfants au milieu de ce désastre.
Je me souviens encore
Quand je marchais sur le chemin de l’école, je ne pouvais pas prier tant mon cœur était éprouvé. Puis, mes écouteurs sur les oreilles, je me rendais au travail en fredonnant des chants de louange qui se répandaient dans mon cœur.
C'est là que j'ai saisi la profondeur de la présence de Dieu et de son amour. Il n’y avait que son doux murmure qui apaisait mon cœur attristé. Bien des paroles inspirées de la Bible m’ont alors habitée : « Même si tu marches dans la vallée de l'ombre de la mort je serai avec toi… Je ne t'abandonnerai pas… Quand tu seras dans la vallée je serai avec toi, et quand tu seras sur la montagne je serai avec toi également… »
Un long chemin
Ces paroles inspirées étaient la branche à laquelle je me suis accrochée comme une noyée à sa bouée. J’ai ainsi eu l'assurance que cette tempête du divorce ne m'emporterait pas. C’est comme si Dieu récoltait chacune de mes larmes.
À nouveau, j’ai vu des étincelles apparaître dans les yeux de mes fils. Leur avenir s’est éclairci petit à petit. De même, mes allées et venues au commissariat se sont espacées jusqu'à disparaître.
Quand le temps est venu de joindre la convention de divorce à chaque dossier scolaire pour justifier notre monoparentalité, mon cœur ne saignait plus, j’étais en paix. Par son amour, il avait réparé les brèches de mon cœur, pansé et guéri mes plaies. Je pouvais à nouveau avoir des fous rires.
Aujourd'hui
Dieu a ôté toute trace de colère et d’amertume dans mon cœur. Il a tout remis en ordre, mais bien plus, il a planté en moi de nouvelles graines qui déjà germent. Chaque jour un peu plus, je m’exerce à en répandre les fruits là où je passe. J'expérimente la bonté et la fidélité de Dieu à la maison, au travail, à l’église… Sa grâce m’aide à découvrir son projet. Plus que jamais, je veux le servir.
Ceux qui croisent mon chemin peuvent témoigner d’une femme restaurée, régénérée et épanouie. Et moi, je dis : « il n’y a que Dieu qui peut faire ça. »