« Il n’y a pas de Dieu ! Il n’y a pas de Dieu ! » criait ma mère, folle de chagrin lorsque mon beau-frère est revenu de l’hôpital pour annoncer la mort de ma jeune sœur Liliane. Elle avait onze ans et moi huit. Elle n’aurait plus à souffrir, pas seulement de la maladie qui la rongeait, mais aussi de toutes les souffrances morales et psychologiques que notre père, alcoolique et violent, nous faisait endurer à tous.
Sans repère
Pas grand-chose ne m’intéressait sinon la musique des Rolling Stones, la marijuana et les filles. J’étais devenu un petit délinquant. La haine contre toute autorité ravageait mon cœur. Mon père en a payé les frais lorsqu’un soir, ivre et violent, il s’est attaqué à moi avec un couteau. Cette fois-là, j’ai attenté à ses jours et je suis parti de la maison pour toujours. Je vivais avec une bande de hippies, accroché à la drogue et à la musique. Je courrais de festival en festival, de pays en pays, en espérant aller un jour en Inde.
Angoisse
J’avais un parcours de relations sexuelles, mais je ne savais pas ce qu’est l’amour. Un rayon de soleil est apparu sur ma route, lorsqu’Élisabeth, une jeune immigrée d’origine hongroise et serbe, s’est attachée à moi. Elle m’aimait. Malheureusement, il fallait compter avec la drogue, cette maîtresse insensible. Rapidement, Élisabeth a été prise elle aussi, dans ses filets et la descente fut vertigineuse. En quelques mois, sa santé, sa scolarité, ses relations familiales, se sont dégradées. Nous vivions dans l’angoisse et la dépression.
Nous étions tous deux en pleine crise lorsqu’un soir d’été, pour la première fois, j’ai levé les yeux vers le ciel. Il était splendide. Les étoiles brillaient dans une nuit magnifique et la paix habitait le cosmos. Un souhait est monté des profondeurs de mon être tout en me frappant la poitrine : « Ah, si la paix qui est là-haut pouvait être là-dedans ! » Je vivais du slogan peace and love, mais je ne savais rien, ni de la paix ni de l’amour.
Touché au cœur
Chaque semaine, il me fallait ma drogue pour faire le plein. Le trafic était intense entre les frontières suisses et allemandes où j’habitais. Ce jour-là, bizarrement, je n’ai vu pas le dealer à notre rendez-vous habituel. Agacés, Élisabeth et moi sommes allées au centre ville. Là, sur une place occupée par des dizaines de jeunes aux cheveux longs et guitares sèches à la main, une femme en petit tailleur, s’est approchée de moi et m’a interpellé : « Jeune homme, Jésus vous aime. Vous vous appelez Guy et il m’a envoyé ici pour vous. Il est le chemin, la vérité et la vie ; il est la réponse que vous cherchez depuis si longtemps. Il peut vous apporter la paix que vous cherchez dans votre monde de drogue. » J’étais stupéfait et nerveux, mais ses larmes et ses paroles m’ont touché. Moi aussi, j’ai pleuré. Avant de me quitter, elle m’a glissé un morceau de papier où elle avait griffonné son adresse avec ces mots : « quand tu veux ».
Amour
De retour, j’ai trouvé mon dealer à l’endroit convenu. Je lui ai reproché son absence mais il m’a certifié qu’il avait bien été là au rendez-vous. En effet, on m’assura qu’il était bien là mais c’est moi qui ne l’avais pas vu. J’ai compris plus tard que Dieu m’avait aveuglé pour ne pas rater un rendez-vous bien plus important.
Le 12 juillet 1972, en fin d’après-midi, Élisabeth et moi sommes allés à l’adresse indiquée. Pendant les trois jours précédents et toute la journée, ces mots résonnaient en moi : « Jésus t’aime, Il est le chemin, la vérité la vie, la paix… » L’amour manifesté par cette femme me travaillait. Pourquoi donc pleurait-elle pour moi ? Quelqu’un pouvait-il m’aimer, moi, le délinquant, le haineux ?
Paix
Ce soir-là j’ai découvert l’amour inconditionnel et le pardon immense de Jésus. J’ai compris le sens de sa mort sur la croix. J’ai été brisé par son amour pour moi. Quelqu’un m’avait tellement aimé qu’il avait préféré donner sa vie pour moi. À ses pieds, je fus convaincu, lavé et purifié. La paix est entrée dans mon cœur pour la première fois de ma vie. Ce jour là, je suis devenu l’enfant d’un Père merveilleux.
Jésus m’a guéri instantanément des chaînes de la drogue. Sa puissance de vie a triomphé de ma haine, de mon amertume et de mon désir de mort. Jésus a fait de moi une nouvelle créature. Combien de fois avais-je aspiré à être différent ? Combien de fois avais-je maudit ceux qui m’avaient donné la vie ?
Sauvés
Élisabeth a trouvé elle aussi son Berger. Le Seigneur de la vie lui a rendu tout ce que la drogue lui avait pris. Sa santé s’est améliorée rapidement. Jésus l’a guérie malgré une intervention chirurgicale grave qui l’a laissé stérile à cause des dégâts de la drogue dans son corps.
De l’abîme, Il nous a sauvés. Notre vie lui appartient pour toujours. Il l’a rachetée au prix de sa vie. Oui, la parole de l’Évangile est vraie : Jésus est bien venu chercher et sauver celui qui est perdu.