Présent d’un bout à l’autre de la Bible, le mot « arbre » y apparaît au total près de 160 fois.
Sans compter les autres termes qui désignent une grande variété d’espèces : acacia, amandier, cèdre, ébène, genévrier, grenadier, mûrier, palmier, peuplier, pin... Mais au-delà de ce constat, comment la Bible envisage-t-elle ces plantes si familières ?
Elle en parle d’un point de vue pratique, d’abord. Certains passages évoquent le recours au bois comme matière première pour des constructions. Par exemple, Salomon, l’un des tout premiers rois d’Israël, a fait venir des cèdres du Liban, fameux en raison de leur grande taille, pour l’édification de son palais. L’un de ses bâtiments principaux s’appelait même « la forêt du Liban » !
Source d’inspiration
Mais la plupart des textes envisagent les arbres sous un jour plus profond et, souvent poétique. Salomon lui-même n’a pas fait qu’utiliser du bois : réputé pour sa sagesse, ses proverbes ou encore ses chants, il a aussi « discouru au sujet des arbres, depuis le cèdre du Liban jusqu’à l’hysope qui croît sur les murs ». On devine ici une forme d’émerveillement face aux multiples formes que prennent ces végétaux, leur caractère vivace, verdoyant...
Le bref parcours qui suit va confirmer que les arbres ont stimulé l’imagination des Israélites, qui en ont tiré plusieurs images.
Un exemple à suivre
Tout d’abord, l’arbre apparaît comme un élément de la nature qui reste, certes, immobile, mais n’en est pas moins « irrigué » de vie. À condition, bien sûr, qu’il tire ses forces d’un sol fertile à l’aide de racines. D’où une première image : tels des arbres, les croyants sont appelés à « enraciner » leur vie dans une spiritualité qui les nourrit intérieurement. Concrètement, il s’agit pour eux de rester en contact étroit avec leur Dieu, en lui parlant (par la prière) et en l’écoutant (par la lecture de textes bibliques, où ils estiment « entendre sa voix »). Le Psaume 1 illustre bien ce dernier cas. Voici comment il dépeint l’homme méditant l’enseignement prodigué par Dieu à travers des textes : « Il est comme un arbre planté près d’un cours d’eau : il produit ses fruits quand la saison est venue, et son feuillage ne perd jamais sa fraîcheur ». Cette idée de « porter du fruit » prolonge l’image : il ne s’agit pas seulement d’alimenter sa vie intérieure, mais d’en tirer la force de renouveler aussi son attitude. Plus loin dans la Bible, Jésus insiste sur cet aspect. Quand il parle du lien entre ce que les personnes ont dans le cœur et leur comportement, il dit : « Pour avoir de bons fruits, vous devez avoir un bon arbre ; si vous avez un arbre malade, vous aurez de mauvais fruits. Car on reconnaît un arbre au genre de fruits qu’il produit ».
Un refuge
Si l’on passe des racines au feuillage, on constate que les Israélites appréciaient l’ombre et même le refuge offerts par les arbres. D’ailleurs, l’idéal de vie à leurs yeux consistait à ce que chacun vive en paix « sous sa vigne et sous son figuier » et qu’on s’y invite les uns les autres. Un peu comme, aujourd’hui, chacun aimerait avoir un petit jardin avec des arbres pour organiser des barbecues à l’ombre !
En outre, Jésus a eu recours à l’image d’une toute petite graine devenant un arbre accueillant des nids d’oiseaux, pour parler du « royaume de Dieu ». De quoi s’agit-il ? De la communauté spirituelle formée par tous ceux qui acceptent Dieu comme leur maître (leur « roi »). Quel est le cœur du message de Jésus ? Que chacun est invité à rejoindre cette communauté ouverte à tous, et qu’il a lui-même été envoyé par Dieu pour en ouvrir la porte à chacun. Comme l’indique l’image de la graine, il s’agissait d’un groupe minuscule au départ, réduit à quelques adeptes, mais appelé par la suite à accueillir toutes les personnes en quête de paix spirituelle dans le monde.
Une image pour Dieu lui- même !
Pour finir, dans le livre d’Osée, Dieu promet qu’un jour, le peuple d’Israël « deviendra florissant, beau comme un olivier, et répandra le parfum des forêts du Liban ». Mais il ajoute aussitôt : « Moi, je suis comme un cyprès, un arbre toujours vert. C’est moi qui te fournit tes récoltes ». Dieu se compare lui-même à un arbre ! Une façon de dire qu’il se met en quelque sorte au service du peuple, en veillant lui-même à ce que les moissons soient bonnes et que son peuple ait de quoi se nourrir.
Deux arbres bien mystérieux
Dès les premières pages de la Bible, le lecteur rencontre deux arbres mystérieux. Le livre de la Genèse (chapitre 3) raconte que Dieu a planté un jardin et y a installé l’homme, Adam, pour le cultiver. Dans ce « jardin d’Éden » se trouvent notamment :
• « L’arbre de la connaissance du bien et du mal », ou « du bon et du mauvais » (les deux traductions sont possibles). C’est le seul arbre dont Adam et Ève, sa femme, n’ont pas le droit de consommer les fruits, sous peine de mourir. Mais que signifie cette « connaissance » ? Il ne s’agit sans doute pas de dire qu’Adam et Ève ne savaient pas la différence entre le « bien » et le « mal ». Le texte nous met sur une autre piste : la femme « vit que l’arbre était désirable pour le discernement » (Genèse 3.6). En effet, dans le langage de l’époque, « connaître le bon et le mauvais », c’est être capable de distinguer avec une intelligence supérieure, presque surnaturelle, ce qu’il vaut mieux faire ou pas.
• « L’arbre de vie », qui donne la vie éternelle à celui qui mange de son fruit.
Tout se passe bien jusqu’au moment où Adam et Ève transgressent l’interdit en mangeant du fruit du premier arbre. Un être maléfique, représenté par un serpent, leur a en effet soufflé l’idée qu’ils deviendront alors semblables à Dieu lui-même... Dieu les sanctionne comme prévu et les expulse du jardin, en les empêchant d’accéder au second arbre. Cette histoire évoquant de façon très imagée un drame survenu à l’aube de l’humanité explique pourquoi les humains sont mortels et vivent éloignés de Dieu.
L’histoire ne s’arrête pas là ! Tout le reste de la Bible montre Dieu à l’œuvre pour rétablir la situation. Un projet qui culmine avec la venue de son Fils, Jésus. Tout à la fin de la Bible, le livre de l’Apocalypse renoue avec le langage imagé de la Genèse. Jésus y promet, en effet, à ceux qui lui sont fidèles, qu’il leur donnera à manger « les fruits de l’arbre de vie qui se trouve dans le jardin de Dieu » (Apocalypse 2.7). La boucle est bouclée !