Il marche. La nuit, sur cette colline aux Oliviers, il marche. À l’écoute du silence qui règne dans le jardin, seulement troublé par la brise du soir qui fait bruisser les feuilles d’argent, il marche. Chaque soir, à la tombée du jour, il arrive au jardin, et se promène entre les arbres, lentement, en regardant les étoiles à travers les branches. Sur cette terre un peu sèche d’Israël, il marche d’un pas souple et tranquille, laissant les rencontres du jour se ramasser et s’enraciner dans sa mémoire.
Repos
Là, dans le calme et la solitude, il trouve du répit, car depuis qu’il a commencé son périple, il y a trois ans, chaque jour se remplit de visages, de demandes, de guérisons. Chaque jour, une nouvelle foule se rassemble autour de lui, avec espoir et suspicion, confiance et doutes. Il y a ceux qui voudraient se rapprocher de Dieu, ceux qui croient tout savoir, ceux qui n’ont plus rien, ceux qui se jettent dans le vide et le suivent. Et lui, il écoute, il reçoit, il relève. Donnant à chacun une parole ou un signe, il sème l’amour de Dieu dans ces foules. Mais quand vient le soir, et que tous rentrent chez eux, lui, il se rend au jardin, et il marche.
Prière
Puis il s’assoit sous un vieil olivier, lève les yeux et laisse échapper un murmure. « Ô Père, je me confie en toi. Tu m’as envoyé comme berger pour ces brebis parfois blessées, parfois têtues. Tu m’as envoyé porter ta lumière dans les ténèbres de leur vie. Là dans le calme, je t’écoute ô Père. Remplis-moi de ta Parole, remplis-moi de ta vérité, remplis-moi de ton amour ».
Ressourcement
Il sait que Dieu est avec lui, qu’il est en lui par son Esprit qui lui a été donné en abondance. Dans ces nuits de solitude, il retrouve sa proximité avec son Père : il se rappelle les paroles des prophètes, il se nourrit des vieilles prières juives, il se ressource dans la volonté de Dieu, vérité qui fait vivre. Dans ces nuits de prière, il prend conscience peu à peu de l’ampleur du projet de Dieu. Il repense à ces étrangers, dont il réalise maintenant qu’il doit aussi les éclairer. Il repense à ces marginaux, ces malades, ces pécheurs, et il comprend que c’est dans leurs fissures que l’amour de Dieu s’engouffre. Recueilli sur la lumière de Dieu qui brille en lui sans s’éteindre, il puise les paroles et les signes dont il abreuvera les assoiffés de demain.
Jésus se prépare…
Au fil des nuits au jardin, il finit par comprendre que, dans cette chambre verte où il trouve le repos, ils viendront le chercher. Dans les branches de ce vieil arbre, il discerne un autre bois, celui de la croix où il sera crucifié. Parmi les mauvaises herbes, il sent les épines qui seront sur son front. Il sait qu’il devra entrer dans une autre nuit, bien plus noire, une nuit de souffrance et d’abandon. Mais à travers cette nuit, il entrevoit la lumière qui en jaillira, splendeur de la vie de Dieu qui le ramènera de la mort, éclat de la grâce divine qui rayonnera jusqu’au bout de la terre.
Sous ce vieil olivier, il prie son Père : « Non pas ce que je veux, mais ce que tu veux. Je me confie en toi… »