« Pince-mi et Pince-moi sont dans un bateau. Pince-mi tombe à l’eau. Qui est-ce qui reste ? » La réponse pinçante à cette boutade devrait nous réveiller : nous sommes tous embarqués dans la même galère !
Alors que l’année 2012 se prépare à célébrer le centenaire du naufrage du Titanic voilà qu’un cargo s'échoue sur les côtes du Morbihan. La navigation lui avait pourtant été refusée. Peu de temps après, c’est le paquebot Concordia qui fait stupidement naufrage sur les côtes italiennes. L’erreur peut être humaine, mais persévérer devient un péché contre l’humanité !
Drôles de miroirs
Les médias ont comparé le Concordia à une véritable ville flottante. Le Titanic, « jouet des riches » soi-disant insubmersible, préfigurait en son temps notre monde flottant. L’échelle sociale y permettait d’accéder à certains ponts du navire. Ceux-ci étaient répartis en trois classes. Les nantis de 1ère classe étaient situés au centre des ponts supérieurs au plus près des canots de sauvetage. Les riches de la 2e classe étaient à l’arrière. Les gens ordinaires de la 3e classe étaient entassés dans les ponts inférieurs. Lors du naufrage, les trois quarts des passagers de 3e classe, plus de la moitié de ceux de 2e classe et seulement un tiers de ceux de 1ère classe ont péri. Face à une telle disparité, un vers de La Fontaine vient à l’esprit : « Selon que vous serez puissant ou misérable, les jugements de cour vous rendront blanc ou noir. » Là, il ne s’agissait plus de palais de justice, mais de palais flottant et le jugement en question était le dernier. Le Titanic n’était que le triste miroir d’une société qui prend l’eau pendant que les capitaines abandonnent le navire avant les femmes et les enfants.
En son temps Jésus a raconté l’histoire d’un homme qui voyait l’argent couler à flot. Ayant atteint sa vitesse de croisière, il s’était dit en lui-même : « Mon cher, tu as des biens en abondance pour de nombreuses années ; repose-toi, mange, bois et jouis de la vie. »(1) Mais Jésus termine son histoire en faisant dire à Dieu : « Insensé ! Cette nuit même tu cesseras de vivre. Et alors, pour qui sera tout ce que tu as accumulé ? » Les fonds qu’il avait accumulés l’ont entraîné par le fond. Celui qui se la coulait douce a fini par couler à pic.
La barque de Jésus
Jésus invite tous les hommes à échapper au naufrage en montant dans sa barque. Pas de 1ère, 2e ou 3e classe dans celle-ci, mais une place assurée pour quiconque la demande. Une place gratuite pour se délester des préjugés qui pèsent et des héritages qui encombrent. Il nous est proposé d’embarquer le cœur léger. Ceux qui s’inquiètent de ne pas voir de canots de sauvetage sont invités à méditer cette devinette : Jésus et Pierre sont dans un bateau. Pierre tombe à l’eau. Que fait celui qui reste ? Celui qui a lu l’évangile (Matthieu 14.22-33) connaît la réponse.
Un capitaine qui marche sur l’eau, ça ne peut pas nous laisser de glace !