Il y a des événements qui marquent l’histoire. Le naufrage du Titanic est de ceux-là puisqu’on s’en souvient encore cent ans après. Change-t-il le comportement des hommes pour autant ? On peut en douter quand on voit ce qui est arrivé au Costa Concordia récemment.
Ce nouveau naufrage n’aurait jamais eu lieu si Francesco Schettino, le commandant de cette véritable ville flottante, n’avait pas flirté avec le danger, apparemment pour se faire plaisir.
Je ne vais pas me faire l’avocat d’un homme qui est poursuivi par la justice pour homicide par imprudence, naufrage et défaut de communication aux autorités maritimes. En l’état de l’enquête, il semble bien qu’il a usé de légèreté coupable. De plus, quitter son navire alors que tous les passagers n’ont pas été évacués est inadmissible. Cet homme a 32 morts sur la conscience. Il faudra qu’il en réponde.
Pourtant, avant de lui jeter la pierre, je pressens qu’il me faudrait quand même faire un petit retour sur moi-même. Ne m’est-il jamais arrivé de l’échapper belle comme on dit ? Je m’explique : n’ai-je pas eu, moi aussi, des comportements imprudents qui auraient pu me conduire devant un tribunal si, par malheur, ils avaient engendré des drames ? Suis-je bien certain que j’ai toujours respecté toutes les consignes de sécurité ? Est-ce que, à cause de ma négligence ou de ma vantardise, je n’aurais pas pu être, moi aussi, la cause d’accidents mortels ?
Plus j’y pense et plus je me dis deux choses :
J’ai souvent eu de la chance là où d’autres n’en ont pas eu. Il faut que j’en tienne compte.
Heureusement que Jésus-Christ ne sera jamais celui qui jette le premier la pierre.
Ni à cet homme, ni à moi-même.
Georges Mary