Trente-huit ans ! Trente-huit ans que cet homme était paralysé des jambes suite à un accident. Il ne se rappelait même plus comment était la vie quand il était jeune et plein d’énergie… Au début, ses parents avaient cru que cela ne durerait qu’un moment, qu’il s’en remettrait. Ensuite, ils avaient fait tous les pèlerinages possibles, offert des sacrifices coûteux, fait prier les prêtres… mais rien ! Incapable de travailler, il était revenu vivre chez eux. À leur mort, son frère l’avait pris chez lui.
Il s’était habitué à son handicap
Depuis des années, lors des fêtes juives, son frère le portait avec un voisin jusqu’au bassin de Béthesda, réputé pour ses miracles de guérison. Ils repartaient pour les festivités, puis revenaient le chercher.
Or, rien ne changeait. Il continuait ses prières, mais cela devenait machinal, une routine, comme son quotidien marqué par le handicap. Au fil du temps, sa paralysie était devenue sa norme, sa seule façon de vivre…
La question qui donne le vertige
Un jour, alors qu’il avait été installé au bord du fameux bassin, il vit arriver un inconnu qui se planta devant lui et se mit à le regarder attentivement.
Puis l’étranger lui demanda : « Veux-tu retrouver la santé ? » Ce fut comme si le temps s’arrêtait. Les pensées fusaient en lui : bien sûr, qu’il voulait être guéri ! Ne venait-il pas depuis des années au bord de ce bassin, espérant que Dieu le sauverait ? Pourtant, il fallait bien avouer que la vie sans handicap lui semblait impensable. Cela lui donnait le vertige. Qui serait-il sans sa paralysie ? Que ferait-il ? Où irait-il ?
Sans trop se dévoiler, il répondit : « Maître, personne ne m’aide à aller dans le bassin. Et si moi je m’y traîne, j’arrive toujours après les autres. » Il se rendait bien compte que ce n’était qu’une partie de la vérité : il n’avait jamais osé demander l’aide de quelqu’un, pas même de son frère. Peu à peu, il s’était découragé et s’était contenté de ses routines, sans plus rien attendre.
Quand l’impossible devient possible
L’étranger lui dit alors avec fermeté : « Lève-toi, prends ton brancard et marche ! »
Était-ce une moquerie cruelle ? Mais l’étranger le regardait avec douceur et bonté. Il sentait lutter en lui ses vieux espoirs, ses découragements et ses excuses, ses frustrations et ses peurs… L’homme continuait à le regarder. Alors, d’un coup, sans trop réfléchir, il osa. Se concentrant de toutes ses forces, il essaya de bouger sa jambe : un fourmillement survint, et il put la bouger. Emporté par l’enthousiasme, encouragé par l’étranger, il continua, jusqu’à se mettre debout. Les autres se rapprochèrent de lui, impressionnés. Lui, il voulait remercier l’étranger, mais il avait disparu… Plus tard, il apprit qu’il avait rencontré Jésus.