Les auteurs de la Bible appartiennent à leur époque
Il faut se souvenir que la Bible a été écrite sur une très longue période. Certaines contradictions apparentes peuvent s’expliquer par le changement d’époque et de perspectives. Par exemple, il n’y a pas grand chose de commun entre le 15ème siècle avant Jésus-Christ, où la vendetta est l’usage habituel et l’empire romain du premier siècle où le droit gère la société. Dans ce nouveau contexte, l’amour envers le prochain ne s’exprime plus par la loi du talion («œil pour œil, dent pour dent») alors qu’elle était indispensable autrefois pour empêcher une vengeance personnelle excessive. Jésus la remplace, pour ses disciples, par le fameux «aimez vos ennemis». Autrement dit, l’idéal de Dieu reste le même, ce sont les moyens et les personnes pour le mettre en oeuvre qui changent.
Il faudrait aussi prendre le temps de considérer le style littéraire, le contexte et l’intention de l’auteur. Prenons un exemple: Paul écrit «c’est par grâce que vous êtes sauvés par le moyen de la foi, ce n’est pas par les œuvres» alors qu’on trouve dans la lettre de Jacques : «l’homme est justifié par les œuvres, et non par la foi seulement» (1). Faut-il crier à la contradiction pour autant? Sûrement pas car ils ne répondent pas à la même question ni aux mêmes problèmes. Le contexte est très différent!
De l'oral à l'écrit : une seule inspiration
La Bible, c’est une partition interprétée à plusieurs mains… Le même Esprit, qui a conduit l’auteur, doit aussi éclairer le lecteur. Les codes culturels inhérents à chaque destinataire de la Parole sont différents et nous «filtrons» ce que nous lisons à travers nos propres éléments culturels, mais cela n'empêche pas le message d'être vivant et pertinent. Lorsque le mime Marceau s’est produit la première fois au Japon, son personnage de Bip n'a pas été compris, parce que le blanc est la couleur du méchant dans le théâtre No ! Un tel travail est parfois nécessaire avec la Bible. Nous comprenons alors que l’accent de chacun de ses auteurs trahit son origine mais jamais l’intention divine.
Enfin une bonne partie des textes anciens ont d’abord été des récits fidèlement transmis par leurs méthodes orales(2).). Ainsi, Jésus lui-même n’a jamais rien rédigé.
Ajoutons que Jésus parlait araméen alors que les évangiles nous ont été transmis en grec. Et nous, nous en prenons connaissance aujourd’hui à travers des traductions.
La science, unique critère de vérité?
Au nom de certains critères modernes, certains en viennent à nier la Shoah, parce que les témoignages qui en sont faits leur paraissent contradictoires. Prenons garde que ces mêmes critères ne nous privent de l’héritage de la Bible. Nous ne pouvons qu’être reconnaissants aux auteurs bibliques de ne pas avoir cherché à le «trafiquer» pour en réduire les éventuelles incohérences. En effet, nous savons que lorsque toutes les déclarations des différents témoins concordent trop parfaitement, c'est qu'il y a eu collusion de leur part au détriment de la vérité!
Toutes les contradictions qu’on croit voir dans la Bible sont-elles pour autant résolues? Loin de là! Le prétendre serait affirmer connaître et comprendre totalement la volonté du Dieu infini. Notre infirmité humaine nous laisse avec nombre de questions en suspens. Notre vie elle-même est subjective et partiale, et parfois contradictoire. Doit-on la nier pour autant?