Qui dit christianisme dit Jésus-Christ. Or Jésus, qui est né juif, est mort juif, et non chrétien ! Cette première remarque est suffisamment surprenante pour s’y arrêter un instant.
Au commencement…
Il y a deux mille ans, Jésus se met à enseigner, tel un penseur, un philosophe, un prophète, dans une culture empreinte de judaïsme. Son but premier est de revisiter ce judaïsme en rappelant le message religieux ancestral qui a fait d’Israël une nation à part. Non seulement Jésus revient aux essentiels de la Torah, avec un Dieu créateur, unique et accessible, mais il insiste pour évoquer une spiritualité intime qui transforme le Dieu très-haut en Père que l’on peut prier seul, dans sa chambre.
Jésus n’invente pas une nouvelle religion et ne se déifie par pour trouver des adorateurs. Il remet les pendules à l’heure en redonnant ses lettres de noblesse au message de Dieu tombé dans l’oubli. Ce message a en effet été transformé en système de pensée et en machine religieuse dont les prêtres font leur business. Jésus est une espèce de réformateur et toutes les idées nouvelles que découvrent ses auditeurs ne sont que des remises à jour du message déjà fixé dans les textes anciens, et notamment dans la Torah.
Du nouveau dans l’ancien
Il y a pourtant quelques grandes vérités nouvelles qui se font jour avec les explications et les développements de Jésus. L’une des plus évidentes : le message divin est pour l’ensemble de l’humanité et pas seulement le peuple juif, héritier d’Abraham. Le message explose et doit atteindre les extrémités de la terre. Le Dieu d’Israël est en fait le Dieu unique pour tous les hommes des quatre coins de sa création.
Un autre point essentiel concerne l’approche même de ce Dieu. Il ne s’agit pas simplement de le connaître, mais il est possible de le rencontrer et de recevoir de sa part tout ce qui fait sa puissance. Ainsi, l’homme en contact avec Dieu trouve le vrai sens de la vie et de la sienne. Pour atteindre cet état qui fait de l’homme un « enfant de Dieu », il suffit de passer par un chemin qui n’est autre que celui qu’ouvre Jésus.
Jésus n’est pas seulement celui qui éclaire de ses explications le message parfois codé de Dieu qu’il présente comme son Père. Il fait sauter aussi tous les obstacles qui mènent à ce Dieu. C’est la raison pour laquelle il peut se permettre de dire qu’il est le chemin, la vérité et la vie, et que nul ne parvient à Dieu que par lui.
Avec le temps, tout fiche le camp !
Depuis deux mille ans, le message du Christ se transmet de génération en génération et dans le monde entier. Cependant, tout comme pour les juifs d’avant Jésus, le message tombe dans l’oubli avec le temps. Il est gangréné par des discours humains, voire religieux et philosophiques, qui l’alourdissent et qui lui font perdre de sa pertinence. Car l’homme aime, non seulement ajouter son grain de sel à un message pourtant complet et suffisant, mais il est capable d’instrumentaliser même la vérité pour la faire correspondre à la sienne. Sans parler de sa capacité à transformer une parole vivifiante en système mortifère.
Tout au long de l’histoire, depuis Jésus, des hommes et des femmes ont régulièrement surgi pour dépoussiérer et restaurer ce qui avait besoin de l’être. Des corporations se sont emparées du message biblique, se l’appropriant plus ou moins légitimement. C’est ainsi que de nombreux mouvements (et églises) sont nés, revenus aux sources de la Bible, dénonçant avec force les erreurs et les dérives…
Pendant longtemps, le christianisme a été porté par une seule Église qui se voulait universelle. Elle pouvait accepter les corrections en son sein et les remises à niveau nécessaires. Mais parfois, ceux qui dénonçaient les erreurs et les exploitations malsaines de la religion chrétienne, devenaient des gêneurs face à la puissance du système et de ses nantis. Beaucoup, au nom de la vérité biblique, ont été brûlés, pendus, noyés comme hérétiques, alors que les vrais hérétiques étaient ceux qui les conduisaient au martyre.
Revenir aux sources
Au 16ème siècle, l’Europe est secouée par de multiples changements qui vont la sortir du Moyen-Âge pour la faire entrer dans une époque de Renaissance. Le christianisme est, lui aussi, malmené par des réformateurs qui fulminent contre une religion devenue inhumaine, qui exploite le peuple et qui manipule les États. Un mouvement prend naissance en France, conduit par Briçonnet, l’évêque de Meaux, qui accuse son Église d’oublier la Parole de Dieu et qui tue la vraie spiritualité au profit d’un rituel sans âme. Cet évêque qui revient à la simplicité de l’Évangile suscite un mouvement auprès des intellectuels qui se font appeler les « évangéliques ». La chrétienté officielle est devenue un appareil religieux qui va tenter d’écraser ce mouvement. Cependant, les feux de la contestation s’allument en divers lieux d’Europe : l’Allemagne avec Luther, la France avec Calvin… La Réforme va bouleverser l’Église établie et lui donner une nouvelle chance de changer pour revenir aux sources du Christ. Mais les choses ne se passent pas aussi bien et la chrétienté éclate. Les gens de la Religion prétendue réformée deviennent des protestants qui revendiquent une nouvelle indépendance à l’égard de l’Église officielle. Car pour eux, et selon la Bible, le salut vient du Christ et non de l’Église, pas même d’une Église qui serait fidèle. Il y a un seul médiateur entre le croyant et Dieu : Jésus-Christ. Et une seule autorité : la Bible composée de l’Ancien et du Nouveau Testament.
Aujourd’hui…
Depuis cinq siècles, le message du Christ continue d’être annoncé et touche des millions de personnes. Les Églises ont de plus en plus d’enseignes différentes, mais le courant évangélique, qui les traverse veille à ce que le message ne soit pas édulcoré, transformé, instrumentalisé. Il continue son combat, certainement autrement aujourd’hui qu’hier, mais son objectif est toujours de demeurer aussi fidèle que possible au message du charpentier de Nazareth qui n’était rien de moins que le Fils de Dieu.
Le prix de l’Amour
Un des paradoxes du Dieu de la Bible est qu’il souhaite rencontrer tous les hommes, individuellement, mais que, étant parfait, il ne peut supporter les imperfections des hommes. En termes bibliques, cela s’explique ainsi : Dieu est trop pur pour coexister avec l’impureté des hommes. Pour être reçu par Dieu, il faut se « nettoyer » de ses impuretés. De fait, l’homme sans Dieu incline au mal et sombre dans toutes sortes d’erreurs qui ne font que l’éloigner davantage de lui. Dans leurs messages d’avant Jésus, les prophètes (porte-parole de Dieu), indiquaient que pour se faire pardonner et se réconcilier avec Dieu, il fallait reconnaître ses torts et offrir, en compensation, des sacrifices. Faire réparation ! Les sacrifices doivent faire comprendre que l’offense à Dieu est grande et que le pardon a un prix.
La nouveauté avec Jésus, est qu’il décide de payer lui, l’innocent, le prix pour tout le monde et pour toutes les générations. Ce prix est exorbitant : sa propre vie. D’où le sacrifice sur la croix.
Depuis cet acte qui chamboule toute l’histoire entre Dieu et l’humanité, reconnaître Jésus comme Seigneur et Sauveur ouvre les portes sur Dieu. Quiconque fait cette démarche devient chrétien, adepte du Christ.
Les faux-monnayeurs de Dieu
Le croyant au message biblique se doit d’y être fidèle, s’y soumettant volontiers puisqu’il y a vu des valeurs supérieures et suffisantes pour sa propre vie. Dès qu’il le change, il le dénature et le transforme en discours corrompu. Certaines personnes, et même certaines Églises, détentrices abusives de ce message chrétien, sont parvenues à le tordre afin d’y trouver des profits touchant au pouvoir ou à l’argent. Pouvoir et argent étant parfois les deux faces d’une même fausse monnaie. Heureusement, des croyants authentiques et des lecteurs scrupuleux de la Bible ont toujours, au fil des siècles, été suffisamment vigilants pour dénoncer les errances et les tromperies. Ces sentinelles attentives ont été des théologiens, des mystiques, des réformateurs, des revivalistes… Selon les périodes de l’histoire de l’Église, ils ont reçu des noms différents, mais leur combat était toujours le même : demeurer fidèles aux textes anciens, accorder une autorité indéfectible au message initialement reçu, dénoncer les trafics et autres interprétations mensongères, refuser les déviances surtout lorsqu’elles profitent à une caste, revenir aux sources, annoncer l’Évangile exclusivement.