Lorsque j’ai commencé mes études, j’avais déjà demandé à Dieu d’être maître de ma vie tout entière et de la diriger. Mes premiers cours de biologie, d’anatomie, de physiologie ont été pour moi un éblouissement et j’ai loué celui dont la « science si merveilleuse est au-dessus de ma pensée » (1). Mais quand viennent les cours de pathologie, on voit comment cette merveille de coordination se déstabilise lorsqu’un seul maillon de la chaîne est rompu. J’ai pris conscience brutalement de la gravité du péché, du « moindre » péché, qui corrompt toute la vie, qui brise la relation de la créature avec son Père Céleste. Cela m’a aidée à réaliser que c’était le Malin qui était à l’origine du même processus de détérioration des perfections voulues par Dieu. J’ai alors demandé à Dieu son secours pour suppléer à ma faiblesse et pour garder assez de compassion pour mes patients quelle que soit leur déchéance. Bien sûr cela n’a pas été toujours simple !
La santé physique un bien précaire
La nature du travail médical est bien décevante si l’on y réfléchit. Le médecin soulage, encourage, c’est certain. Parfois même le seul fait de téléphoner pour prendre rendez-vous fait grand bien : c’est du moins ce que m’ont assuré certaines personnes ! Mais, au bout du compte, la santé restaurée est bien précaire. J’ai terminé ma carrière en soignant une population très âgée (des mineurs de charbon en retraite) où il était évident que chaque « victoire » sur la maladie était très fragile. Je savais que le prochain problème aurait peut-être raison des dernières ressources de mes vieux patients.
J’ai donc été un médecin un peu atypique. Ma trousse comportait, avec des instruments très utiles, deux Nouveaux Testaments : le mien et un autre à donner. J’ai prié auprès de gens malades, au lit d’une mourante. J’ai vu arriver dans mon bureau des gens qui me parlaient de problèmes qui n’avaient rien de médical. Pour eux aussi, j’ai prié. D’autres m’ont agressée en me lançant : « alors que dites-vous de ça, vous la chrétienne ? » Et j’ai eu la surprise de m’entendre prononcer des paroles auxquelles je n’avais jamais pensé. Je me réjouis de ces occasions-là plus que des exploits techniques, des diagnostics improbables ou des efforts qui ont été récompensés de résultats visibles mais éphémères.
Mon service pour Dieu n’est pas terminé ; il s’engage dans une autre voie. Il me semble que nous sommes appelés, quelle que soit notre occupation, à être des témoins de la bonne nouvelle de Jésus-Christ. Chaque occasion mérite d’être saisie. Que l’amour et la paix dont Dieu nous a comblés nous rendent différents et généreux à chaque endroit où il nous place.