L’une des qualités essentielles d’un journaliste, c’est la curiosité. Ce besoin de creuser plus loin que la surface nous pousse à tenter de cerner les questions de société, à confronter les cultures, non pas pour essayer de trouver la vérité – quel scoop ce serait… si ce n’était pas un combat perdu d’avance ! - mais pour essayer d’avoir une vision aussi exhaustive que possible de la situation. Et comme notre formation ne nous garantit pas la science infuse, loin s’en faut, on s’arme de patience et on creuse.
Très vite, mon éthique professionnelle a ricoché sur les convictions que mon éducation protestante avait solidement ancrées en moi. Du vrai béton, difficile à attaquer à la truelle.
Quand il m’a fallu transmettre aux lecteurs le message de groupes de pensée (politique, syndicale, philosophique…) que je taxais obligeamment d’ineptie en ma qualité de simple électrice, je n’ai pas pu échapper à un tantinet d’introspection, une fois enfilée la panoplie du petit reporter. Résultat, exit la truelle, place au marteau-piqueur.
Première étape : ai-je été vraiment objective ? Suivie rapidement d’une seconde : ai-je trahi mes convictions en relayant ces propos ? Et d’une troisième : quid de mes convictions ?
Naïvement, il me semblait que ma foi devait me donner plus de pertinence dans mon métier. Question de valeurs, me disais-je. Surprise ! Le journalisme m’a conduite à faire le ménage dans ma vie spirituelle. Pas moyen de faire l’économie d’une remise en question de ma culture religieuse (entre autre !) ni du bien-fondé de ma foi.
Les débats éthiques des années 90 que j’ai dû couvrir pour la presse régionale, les questions soulevées par la société multiculturelle dans laquelle nous vivons ont été autant d’occasions de remettre en question quelques « dogmes » et d’expérimenter l’humilité en matière de conviction. Dans ces moments de questionnement, j’ai redécouvert le sens de la Grâce. J’ai appris à regarder celui qui ne partage ni mes certitudes ni mes doutes autrement qu’en croisée des temps modernes, mais avec intérêt et respect, car me confronter à sa différence me rapproche de cet autre qui ne cesse d’interroger ma curiosité : Jésus-Christ, Seigneur et Sauveur.