C’est un accident de la circulation sur le pont de Neuilly-sur-Seine, près de Paris, en 1654, qui va radicalement transformer la vie de Blaise Pascal. Lui, qui, le moment d’avant discutait tranquillement avec son ami Artus, se découvre soudain propulsé sur le « bord du précipice ». Il croit qu’il va mourir. Mais le carrosse s’arrête in extremis. Pascal pense qu’il s’agit là d’un véritable signe que Dieu lui a accordé
(1).
Sa nuit de feu
Un autre événement marque la naissance du véritable Pascal. Cet homme, sans doute le plus intelligent de son époque, a 31 ans lorsque, dans la nuit du 23 novembre 1654, il vit une véritable nuit d’illumination. Le naufragé incrédule saisit alors la bouée miraculeusement à portée de sa main.
Il écrit à la hâte ce qu’il voit et ressent. C’est ce fameux «
Mémorial » qu’on trouvera après sa mort, cousu dans son vêtement. Dans ce texte fort court, il trouve les mots pour développer avec logique et précision l’expérience profonde de conversion à Dieu qui a fait de lui un chrétien : la certitude intérieure qu’il est sauvé, la paix avec Dieu, la joie du salut, la découverte de la vérité de l’Évangile, l’amour, la repentance, l’engagement dans une nouvelle direction, l’espérance d’une vie nouvelle
(2).
La découverte d’un Dieu vivant
Le Dieu de Pascal se présente comme celui de Jésus-Christ, mais tout autant que celui de l’Ancien Testament. Il est le Dieu annoncé par les prophètes, dévoilé par la Bible, reconnu dans l’Évangile. S’il n’est pas le Dieu « des philosophes », c’est parce qu’il est le Dieu vivant, celui qui se manifeste par grâce et va au devant des hommes. « Celui qui, depuis les débuts de l’histoire sainte, prend l’initiative de l’alliance, car Dieu se plaît à se communiquer aux hommes
(3) ».
Une vie totalement réorientée
Dès lors, Pascal consacre ses dernières forces au service de Jésus-Christ et du prochain. Il rédige en français dans un style accessible les «
Provinciales » (1656), qui ont été l’un des plus grands succès de librairie de l’Ancien Régime. Il y développe une éthique de la vérité et y défend aussi les sciences contre l’irrationalité religieuse des Jésuites
(4). Il commence à écrire une défense de la religion chrétienne dont seuls des fragments seront publiés après sa mort sous le nom de «
Pensées ». Pascal va écrire ses «
Trois discours sur la condition des grands » (1660), qui contiennent une critique sévère des nobles.
À la suite de cette expérience de débordement d’amour divin, Pascal va consacrer son temps aux pauvres et clairement réaliser que la vérité sans amour n’est pas de Dieu.
Il meurt le 19 août 1662 à 39 ans. Affreusement malade mais pacifié.