Quand j’ai appris la nouvelle de l’assassinat de Martin Luther King, alors que je me trouvais dans une petite ville du sud de la France, mon premier sentiment a été l’horreur, puis l’inquiétude et même l’abattement. Ce crime pourrait-il faire taire sa voix, interrompre son action en faveur de la réconciliation entre les races ? Son rêve de fraternité va-t-il disparaître avec lui ?
Je l’avais rencontré une première fois aux États-Unis en 1958 puis quelques autres fois en Europe. Mais surtout, je l’avais accompagné pendant son séjour à Paris en 1964. Et j’avais toujours été frappé aussi bien par la force de son message que par la simplicité de sa personne. Je m’étais donc efforcé de faire connaître autour de moi, et surtout auprès des jeunes, ce disciple du Christ qui faisait la une des journaux.
Mais l’abattement qui m’avait saisi, en ce jour d’avril 1968, a bientôt fait place à une conviction porteuse d’espoir. Une parole du Seigneur Jésus m’est venue à l’esprit : « Si le grain de blé ne tombe en terre et ne meurt, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. » (évangile selon Jean ch. 12, v. 24). Jésus a été lui-même la plus belle illustration de cette vérité. Martin Luther King l’a été à son tour.
Cela s’est confirmé au fil des années, en voyant le respect avec lequel le Pasteur King était tenu et l’intérêt manifesté par beaucoup pour son action et son message. Mais cette vérité m’est apparue avec une force nouvelle quelques années plus tard, quand les États-Unis ont décidé de faire du troisième lundi de janvier un jour férié en l’honneur du pasteur Martin Luther King. C’est là un honneur exceptionnel, qui démontrait que, même parmi ceux qui l’avaient combattu et vilipendé, beaucoup ont été contraints de reconnaître que ce chrétien simple et vrai était un authentique témoin de Jésus-Christ et que son action avait été bénéfique pour son pays et pour toute l’humanité.
Robert Somerville