Il y a plusieurs manières d’interpréter cette réflexion.
En bonne part, elle signifierait que le fait de croire en quelque chose ou quelqu’un, d’avoir donc un idéal, des valeurs, une vision religieuse du monde et du sens de la vie, est déjà estimable en soi, indépendamment de l’objet ou du contenu de chaque croyance. Et il est vrai que le sens d’une réalité ultime, bien qu’invisible, distingue l’humain parmi tous les êtres vivants.
À l’opposé, elle peut exprimer la méfiance envers le religieux : dès que l’on croit, dès qu’il y a du sacré, et quelle qu’en soit la forme, alors l’intolérance, le fanatisme et la violence sont à redouter. Ou bien encore : en nous parlant d’un arrière-monde, de l’invisible, du « spirituel », les religions nous détournent des réalités, peut-être pour nous en consoler ou nous en éloigner à bon compte. Historiquement, hélas, on ne connaît guère de religion qui n’ait pas connu l’un ou l’autre de ces dérapages (plus ou moins graves ou constants selon les cas, il est vrai).
Enfin, à mi-chemin de ces points de vue antagonistes, il en est un troisième,...