Pourquoi le livre ?
Il est toujours intéressant de se poser la question : qu’est-ce qui pousse un auteur à écrire un livre ?
Or, dans le cas de Pascal, sa motivation est très claire. Dès sa conversion, il voulait toucher ses amis incroyants et les amener à la foi. Il les avait fréquentés pendant les années que l’on nomme sa « période mondaine », suite au décès de son père. Il avait hérité d’une somme d’argent qui lui permettait de vivre très confortablement. Pendant cette période, Pascal se trouve libre de vivre sa vie sans compte à rendre à qui que ce soit. Il fréquente les salons parisiens et se lie d’amitié avec des amis « libertins », terme utilisé à cette époque pour désigner non pas des « débauchés », mais des « libres penseurs » qui s’opposaient aux dogmatismes religieux. En l’occurrence, il s’agissait de personnes issues d’un milieu social élevé.
Sa conversion pousse Blaise Pascal à consacrer tout son talent d’auteur à la communication du message biblique à ses contemporains. Puisqu’il était en avance sur son temps, ses écrits ont une résonance extraordinaire avec notre époque.
C’est dans le contexte de cette mondanité que Pascal invente une nouvelle branche des mathématiques : le calcul des probabilités. À son époque, on ne savait pas mesurer le risque attaché à une décision, ce qui rendait la vie bien difficile à certains métiers. Par exemple, la notion moderne des assurances n’est pas possible sans les calculs de probabilités.
Comment Blaise Pascal en est-il arrivé à sa théorie ? Tout simplement par une question qu’on lui a posée à propos de l’activité préférée de son cercle d’amis : les jeux de hasard. Ces amis voulaient savoir comment répartir les gains d’une partie de cartes inachevée, car, pour eux, bien entendu, ces jeux étaient l’occasion de faire des paris. En fin observateur, Pascal écrira plus tard que le jeu pour l’argent sert surtout à donner du piquant à la vie :
« On dira peut-être, que c'est l'amusement du jeu qu'il cherche, et non pas le gain. Mais qu'on le fasse jouer pour rien, il ne s'y échauffera pas, et s'y ennuiera. Ce n'est donc pas l'amusement seul qu'il cherche : un amusement languissant et sans passion l'ennuiera. Il faut qu'il s'y échauffe(1). »
C’est auprès de ce public qu’il imagine son célèbre « pari ». Nous y reviendrons !
La rédaction du livre
Blaise écrivait ses « pensées » au fur et à mesure sur des petits bouts de papier, découpés aux ciseaux. Puis, il les perçait d’un trou et les enfilait en petites liasses selon les sujets et les thèmes. Cela rendait les pensées mobiles, utilisables dans des configurations différentes. Un peu comme la création de fichiers informatiques de nos jours.
Malheureusement, Pascal n’a pas eu le temps de terminer son œuvre avant sa mort précoce. Un comité de parents et d'amis s’est réuni. Après de nombreuses discussions, ils ont mis au point un recueil des Pensées, connu sous le nom de L'édition de Port-Royal (1670), en omettant cependant des textes dont on craignait que l’État s’en serve pour s’attaquer au jansénisme.
Au cours des siècles, différents érudits ont proposé ...