Une des objections les plus courantes faites à la foi chrétienne est la question de la mort, en particulier la mort de l’innocent, et du plus innocent de tous, l’enfant. L’enfant qui meurt de faim, l’enfant atteint d’une maladie incurable, l’enfant qui périt sous les bombes… Bien sûr, c’est une question moderne, avant le 20e siècle, on ne s’en souciait guère ; bien sûr, même sans lire Freud, on a vite fait de s’apercevoir, surtout si l’on est parent, que les enfants ne sont pas des anges… Néanmoins, la question reste, avec toute sa pertinence.
On peut y répondre de différentes manières. D’abord, dans une grande majorité des cas, l’être humain y est pour quelque chose ! Des enfants meurent de faim dans certains pays pauvres alors qu’en Occident de plus en plus de personnes meurent d’obésité. Dans certains pays pauvres, l’assassinat de l’agriculture locale va de pair avec les quotas mis en place par les pays riches pour lutter contre la surproduction agricole.
Des enfants meurent aussi de faim à cause des guerres, des attentats terroristes, etc. Là, la responsabilité apparaît plus spontanément.
Quant aux enfants qui meurent de maladie, il ne manque pas de médecins pour affirmer qu’avec une hygiène meilleure, moins de pollution et plus de crédits pour la recherche médicale (crédits souvent bien moins importants que pour la recherche militaire), la situation pourrait sûrement s’améliorer.
Derrière tant de morts, il y a des attitudes, des choix qui produisent leurs effets. Pourquoi Dieu ne préserve-t-il pas les enfants de la folie et de l’indifférence des hommes ? Parce que Dieu n’a pas fait de nous des marionnettes, dont les attitudes de vie seraient sans conséquences. Il nous a faits libres et responsables de nos actes, sans nous programmer. Cela fait partie de notre grandeur et cela fait aussi parfois partie du malheur de ceux qui nous entourent, de près ou de loin.
Une fois fait le tour de la responsabilité humaine, il reste encore des cas où l’on ne peut invoquer que la « fatalité » : la foudre qui tombe sur une maison dont les habitants vont brûler ; des pluies torrentielles qui provoquent des inondations meurtrières ; une rupture d’anévrisme mortelle ; etc. Le péché dans la Bible, c’est aussi cela : pas seulement l’attitude plus ou moins meurtrière de l’humain dans toutes sortes de circonstances, mais aussi la création malade, déséquilibrée, parfois folle, souvent maltraitée par l’humain par ailleurs.
Dieu ne nous arrache pas à cette réalité scandaleuse ; en Jésus, il vient nous y rejoindre, il la partage avec nous. Il vit l’oppression, le mépris, la violence et finalement la mort. En assumant la réalité du péché, il nous ouvre une porte pour en sortir…
Si Dieu existe, pourquoi la mort des enfants ? Pas besoin de Dieu pour expliquer bien des drames. Mais peut-être Dieu sert-il surtout à cacher nos propres responsabilités(1) ?!?