La déclaration de foi de l'Alliance évangélique mondiale

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C’est, il y a près de deux siècles, en 1846, que l’Alliance évangélique mondiale (AEM) se crée. Elle naît d’un désir de rassembler les différentes familles protestantes évangéliques autour d’un socle de convictions communes. Trois objectifs président à ce rassemblement : former une unité spirituelle ; soutenir la liberté religieuse dans le monde ; coordonner les efforts de ses membres en vue de la mission commune, c’est-à-dire témoigner en paroles et en actes de l’amour de Dieu au monde. Aujourd’hui, l’Alliance évangélique mondiale regroupe 143 alliances nationales (le CNEF, Conseil national des évangéliques de France forme sa branche française) et représente un ensemble de 600 millions de croyants.

Traversée d’une grande diversité interne, tant au niveau des variations culturelles de la foi que des accents théologiques qui varient d’une dénomination à une autre, l’identité spirituelle partagée par les membres de l’AEM s’enracine dans le christianisme biblique et historique. Bien conscient que l’Église de Jésus-Christ est plus large que les frontières de l’organisation de l’AEM, le vocable évangélique dans lequel se retrouvent les Églises de l’AEM atteste du désir de fidélité de ses Églises membres au message de l’Évangile tel qu’on le découvre dans la Bible. Un essentiel des convictions qui rassemblent ces Églises se trouve dans la déclaration de foi de l’Alliance évangélique. Cette déclaration de foi, fondée sur la Bible, a été adoptée en France ; nous proposons d’en faire un court commentaire, article par article.

Nous croyons :

Que l'Écriture Sainte est la Parole infaillible de Dieu, autorité souveraine en matière de foi et de vie.

Placer l’autorité de la Bible en tête de cette déclaration de foi traduit bien le désir des évangéliques d’affirmer que les Écritures saintes sont la source de toute connaissance de Dieu et de sa volonté pour l’humanité. Aucune autorité humaine ne saurait interférer entre elle et les croyants. Son caractère infaillible nous renseigne quant au fait que la Bible, Parole de Dieu dans des paroles d’hommes, n’erre pas, ne se trompe pas et ne nous trompe pas quant à ce qu’elle nous rapporte de l’histoire du salut et de l’humanité. Elle est une parole fiable et digne de confiance. Les articles qui suivent se fondent sur les trésors de vérité qu’elle révèle.

En un seul Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit de toute éternité.

Cette confession trinitaire nous renseigne sur le fait que les évangéliques souscrivent aux grandes vérités sur le Dieu trinitaire contenues dans les premiers conciles œcuméniques, dont le Credo, le Symbole de Nicée-Constantinople et le concile de Chalcédoine quelques années plus tard. Ces grands conciles ont jeté les bases de la théologie du Dieu trinitaire à laquelle les évangéliques croient avec les autres chrétiens.

En Jésus-Christ notre Seigneur, Dieu manifesté en chair, né de la vierge Marie, à son humanité exempte de péché, ses miracles, sa mort expiatoire et rédemptrice, sa résurrection corporelle, son ascension, son œuvre médiatrice, son retour personnel dans la puissance et dans la gloire.

Nous reconnaissons là des éléments clefs du Credo et du Symbole de Nicée-Constantinople. Les évangéliques partagent ainsi avec le christianisme historique une compréhension commune de l’histoire du salut : Jésus-Christ, le fils de Dieu fait homme, est mort et ressuscité pour notre salut. Dans leur théologie et leur prédication, les évangéliques sont connus pour mettre un accent important sur la croix, point culminant de l’histoire. Dans leur message fondamental, ils sont porteurs d’un message simple et percutant : à la croix de Golgotha, Dieu a aimé l’humanité à en mourir. Il a offert son fils unique pour mourir à notre place, effacer nos fautes et nous réconcilier avec le Créateur. Avec les autres chrétiens, ils attendent le retour de Jésus et l’établissement du royaume de Dieu.

Au salut de l'homme pécheur et perdu, à sa justification non par les œuvres, mais par la seule foi, grâce au sang versé par Jésus-Christ notre Seigneur, à sa régénération par le Saint-Esprit.

Chrétiens, les évangéliques appartiennent plus spécifiquement à la tradition protestante, et nous discernons ici un article de foi proprement protestant. C’est par le moyen de la foi seule en Jésus-Christ seul, que l’homme peut être sauvé. Ce n’est pas ce qu’il fait de bon (les œuvres) qui le rendra juste devant Dieu, mais le fait de placer sa confiance dans l’œuvre de Jésus-Christ à la croix qui le sauvera. Non seulement cette foi-confiance sauve, mais elle transforme l’être intérieur de celui qui la reçoit. La déclaration de foi précise : cette œuvre de transformation intérieure (régénération) est l’œuvre de l’Esprit de Dieu (le Saint-Esprit).

En l'Esprit Saint qui, venant demeurer en nous, nous donne le pouvoir de servir Jésus-Christ, de vivre une vie sainte et de rendre témoignage.

Cet article met maintenant l’accent sur cette œuvre de transformation. Les évangéliques croient que les croyants ne sont pas seulement sauvés pour échapper à la condamnation de leurs péchés (c’est une première étape), mais ils le sont fondamentalement en vue de vivre une vie bonne, juste, aimante et fructueuse. Une vie qui est appelée à témoigner, en paroles et en actes, de l’amour dont Dieu la remplit.

À l'unité véritable dans le Saint-Esprit de tous les croyants formant ensemble l'Église universelle, corps du Christ.

S’ils mettent l’accent dans leur message sur la nécessité d’un choix de foi personnel (la foi ne s’hérite pas, on s’y engage volontairement, par libre choix), les évangéliques confessent que le projet de Dieu est de créer dans l’Église le prototype d’une nouvelle humanité. Une humanité faite de relations nouvelles, où l’amour, le pardon, la réconciliation, et le service l’emportent sur les intérêts individuels et catégoriels. Cette humanité nouvelle se vit concrètement dans la réalité de communautés locales, mais elle existe plus globalement à l’échelle de l’Église universelle (l’Église de tous les temps et de tous les lieux). Cette Église, pour laquelle Christ a versé son sang, forme son corps.

À la résurrection de tous : ceux qui sont perdus ressusciteront pour le jugement, ceux qui seront sauvés ressusciteront pour la vie.

Voici l’espérance qui anime les protestants évangéliques : un jour, Christ reviendra pour juger les vivants et les morts selon la formule de Nicée-Constantinople. Avec ceux qui auront choisi de placer leur confiance en Dieu et de lui accorder leur allégeance, il établira son règne. Ce jour-là, le mal et les ennemis de Dieu seront bannis de la nouvelle création de Dieu. Les larmes seront séchées ; la mort ne sera plus. Toutes choses seront refaites à neuf, et Dieu habitera pour toujours sur la terre des hommes.

Cette déclaration de foi de l’Alliance évangélique mondiale nous dit l’essentiel de la foi et de l’identité évangéliques. Une identité que les sociologues présentent à l’aide de quatre marqueurs que nous identifions assez clairement dans cette déclaration qui définit ce que sont et ce que croient les évangéliques : le biblicisme (la Bible comme autorité) ; le crucicentrisme (la centralité de la croix) ; le conversionnisme (la nécessité d’une foi personnelle, car on ne naît pas chrétien, on le devient) ; l’engagement militant (la foi transforme la vie et pousse à le faire savoir).

Auteurs
Erwan CLOAREC

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