Pourquoi cette prédication ?
Parce qu’en quelques semaines plusieurs cas de viols et de violences m’ont été confiés. J’ai également constaté chez plusieurs des réminiscences anciennes toujours bien vives et handicapantes. De tels drames sont aussi évoqués dans la pastorale que je fréquente. Notre univers chrétien n’est pas toujours un lieu de paix et de respect ! En abordant ces questions en chaire, je ne m’attendais pas aux divers entretiens qui en ont découlé. Il y a vraiment plus de souffrance cachée que je ne l’avais pensé.
Cette prédication est modeste. Elle ne prétend pas régler le ou les problèmes. Elle est simplement une étape, un point de rencontre pour d’autres entretiens pastoraux ou des réorientations vers des lieux plus spécialisés. À la base, mon intention était simplement d’oser, moi prédicateur, une parole qui libérerait d’autres paroles enfouies dans la souffrance. Ma seconde intention était d’affirmer que seul le violeur est coupable. C’est ce que disent d’ailleurs Moïse et bien d’autres textes bibliques trop souvent survolés sans nous délivrer leur précieux enseignement.
J’aime la traduction de la TOB qui, en 2 Samuel 13, garde l’ambiguïté des mots mélangeant le désir et l’amour, ambiguïté qui existe encore toujours dans notre vocabulaire actuel. J’ai pu partager cette prédication en divers lieux. La figure de Yonadav m’est apparue comme le type même de l’influence de la pornographie sur le désir, influence que des enquêtes récentes attestent.
Comment garder le caractère “christologique” de la prédication de l’Évangile quand toutes les associations luttant pour le respect des femmes en restent au discours social. Comment garder une parole témoignant de l’Évangile ?
L’attitude de Jésus envers les femmes dans les évangiles tranche radicalement avec les discours et les attitudes de son temps, tant dans le monde juif que dans le monde païen. Son attitude envers les femmes devrait nous servir d’exemple.
Texte de la méditation
Partout, à Amiens, à Orléans, à Bordeaux et ici, à Paris, des femmes violentées, insultées, violées, essayent de me confier comment les tentacules du mal les étranglent toujours, des décennies après. J’accueille aussi parfois des parents, souvent les mères d’abord, qui viennent de découvrir que leur enfant a été violé. Ce mal se repaît du silence et est rarement évoqué dans la communauté chrétienne.
Sachez-le, vos témoignages me renvoient intensément à la prière de Jésus : “Délivre-nous du mal !”
Devant cette forme si violente et pernicieuse du mal, ouvrons les Écritures afin que l’Esprit nous conduise au cœur de l’Évangile.
Présent dans nos journaux, le viol l’est aussi dans la Bible. Prenons parmi plusieurs récits de violences faites aux femmes, celui de 2 Samuel 13. Encadré par le meurtre d’Urie, l’imitation de la violence égyptienne (12.31) puis le meurtre vengeur d’Amnon par Absalon, ce récit s’inscrit dans une véritable chaîne du mal aux maillons obscurs et intriqués.
[Lecture de 2 Samuel 13,1 à 22]
Terrible récit qui pourrait être écrit aujourd’hui. Un homme impose par la force à une femme son désir sexuel. C’est le viol le plus fréquent. Le viol commis par un proche. Amnon est un demi-frère de Tamar. Il n’est pas l’étranger dont on se méfierait,......