Qui ne connaît Henri Blocher et tout ce qu’il a apporté à la théologie évangélique de langue française ? Depuis quarante ans, il enseigne la théologie systématique à la Faculté Libre de Théologie Évangélique de Vaux-sur-Seine et, depuis quelques années aux États-Unis, à Wheaton College, une des principales facultés évangéliques américaines.
Pour fêter cet anniversaire, ses collègues de la faculté lui ont offert un livre. Non un de ces livres savants où chaque contributeur cherche à rivaliser de technicité et qui ne sont guère lisibles que par les spécialistes, mais un livre « de lui », bien qu’il n’en ait rien su avant de le recevoir officiellement des mains du doyen, Émile Nicole, lors du dernier colloque.
Henri Blocher a en effet publié de très nombreux articles en plus des livres que l’on connaît(1). Mais beaucoup sont dans des revues qui ont aujourd’hui disparu (comme la revue Ichthus) ou qui n’avaient qu’une audience limitée. Les rassembler pour les mettre à la disposition de tous était donc – outre un hommage à leur auteur – faire œuvre utile pour les lecteurs.
Ces textes ne relèvent pas de la dogmatique, mais de l’exégèse et de la théologie biblique. C’est qu’Henri Blocher a également pendant très longtemps enseigné l’hébreu et travaillé sur les livres des prophètes. Ce sera donc pour certains un auteur inattendu qui leur sera proposé, qui n’aborde pas de grands sujets théologiques, mais le texte de la Bible au plus près (au microscope). L’ouvrage, après une très belle ouverture sur « le cœur (qui) fait le théologien », se divise en deux grandes parties. La première porte sur l’Écriture, son statut et son interprétation, souvent à l’occasion de textes bibliques particuliers. La seconde aborde l’Ancien Testament, la poésie et les prophètes.
Peut-être certains de nos lecteurs seraient-ils tentés de reculer devant la difficulté relative souvent liée au nom d’Henri Blocher. Ils auraient tort. Qui le connaît sait que, s’il emploie parfois un langage un peu spécialisé, donc plus difficile, pour parler de choses complexes, il sait aussi être simple, par exemple dans des conférences ou des prédications. Or beaucoup de ces articles étaient destinés à des revues ou des journaux destinés à un public assez divers comme Le Christianisme au 20ème siècle, Les cahiers de l’Institut Biblique de Nogent, Le bulletin de l’Alliance Évangélique. Et si d’autres ont été publiés dans des revues théologiques (Ichthus, Hokhma, La revue réformée, etc.), ils n’en sont pas pour cela, difficiles à lire. L’avantage de ce genre d’ouvrage est aussi que rien n’empêche de sauter un texte jugé plus difficile et de lire les autres.
Mais le lecteur ne pourra qu’être frappé de la pédagogie d’Henri Blocher. La rigueur de la pensée se lie au désir de faire goûter à son lecteur la saveur de la Bible. S’engager dans cette lecture, c’est certainement apprendre à lire et à aimer la Parole de Dieu.
Vous aurez noté qu’il s’agit du volume 1 ; le suivant sera consacré aux textes qui concernent le Nouveau Testament. Espérons que nous pourrons l’avoir pour l’année prochaine.
Laissons, pour conclure la parole à Henri Blocher :
Comment veiller à l’hygiène des yeux du cœur ? Il y a un temps pour le travail, pour l’étude – on se soumet à la discipline de l’intelligence. Il y a aussi le temps de la prière et de la méditation. Luther disait que trois choses font le théologien :
- la prière (oratio)
- la méditation (meditatio)
- la tentation (tentatio) c’est-à-dire la connaissance expérimentale des combats spirituels.
Ajoutons la participation à la vie d’Église ! Le don du théologien qui doit développer l’intelligence des choses révélées, n’est pas le seul. Il ne s’épanouit et ne porte ses fruits qu’en symbiose avec les dons des autres membres du Corps. Le théologien n’est rien sans la communion de ses frères ; il a besoin d’eux, ils ont besoin de lui(2).