Après ma formation à la Faculté Baptiste d'Auckland, je suis devenu pasteur à l'Église Baptiste d'Avalon (à Wellington, la capitale). C'était une Église en difficulté, avec 80 membres dont six jeunes seulement. Après six ans de ministère nous avions presque 300 membres, une centaine de jeunes, et trois pasteurs à plein temps. Une étude statistique de la croissance dans les Églises baptistes montrait que sur cette période de cinq ans, notre Église avait le taux de croissance le plus rapide du pays entier. Donc, je figurais parmi les pasteurs les plus "réussis", et mes collègues semblaient me considérer de la sorte.
Pendant la sixième année, quelques difficultés commençaient à paraître dans l'Église, et, conscient de mon besoin d'un changement, j'ai accepté l'appel d'une Église de Pakuranga, dans la banlieue d'Auckland. Me rendant compte d'un certain épuisement chez moi, j'espérais que le changement ranimerait ma passion. Mais cela n'a pas été le cas, et le ministère pastoral devenait pour moi une simple routine ; je consacrais de plus en plus de mon énergie à des choses à l'extérieur de l'Église. Il y avait un certain nombre de problèmes dans l'Église, et je me rendais compte que je n'avais ni l'énergie spirituelle ni émotionnelle pour les affronter, et qu'ils n'allaient pas simplement disparaître. J'ai fini par démissionner de l'Église pour retourner dans l'enseignement secondaire. Pendant presque trois ans, mon engagement dans l'Église devenait irrégulier et superficiel, et je crois que, si nous n'avions pas eu le désir d'élever nos enfants dans la foi, nous aurions pu faire partie de ces nombreuses personnes qui quittent le ministère et l'Église pour de bon. Ma vie s'est laissé envahir par l'enseignement, des études universitaires, le sport, la famille, et l'entretien du jardin et de la maison.
Mais Dieu commençait enfin à réapparaître dans ma vie, et j'ai commencé le long processus de reconstruction de ma fol à partir de ces fragments brisés qui restaient après mes expériences bouleversantes. Pour cela, j'étais bien obligé de modifier ma façon de comprendre l'Évangile, et de réfléchir longuement sur ce qui s'était passé pendant mes expériences dans le ministère. Et puisque, depuis ce temps de remise en question, je me suis engagé dans la formation d'autres personnes en vue du ministère, je suis obligé de continuer ma réflexion à partir des questions posées par mes étudiants.
Je suis entré dans le ministère passionné, enthousiaste, dynamique, spirituel (j'affichais fièrement ma tendance charismatique), mais j'en suis sorti cynique à l'égard de l'Église, et plus ou moins mort spirituellement. J'avais presque entièrement perdu ma foi, et n'avais plus aucune relation intime avec Dieu. Pourquoi ? Je savais que le problème était spirituel, et non pas simplement lié aux Églises particulières où j'avais exercé mon ministère, car je trouvais les mêmes réactions chez d'autres amis qui avaient eux aussi quitté le ministère.
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