Après l’envoi en mission (Marc 6.7-12) des douze apôtres, Jésus les accueille à leur retour et leur demande de se mettre à l’écart et de prendre du repos (Marc 6.30-32). La nécessité de prendre du repos est une réalité biblique. La paresse est certes condamnée, mais pas le repos ! Si le travail et l’activité consistent en l’expression d’une vocation particulière, d’une mise en pratique des dons que Dieu dispense et d’une logique de partenariat avec le Créateur, le repos est également une nécessité. Le quatrième commandement du sabbat donne le droit au repos. Pour chaque ouvrier, au service du maître divin, il est essentiel de garder un temps nécessaire au repos et au ressourcement pour laisser Dieu agir. La possibilité de servir sans s’asservir ou se laisser asservir témoigne d’un souci de développer une vie équilibrée. Or le ministère pastoral, avec ce qu’il offre de spécifique peut conduire à certains écueils. Au risque de vouloir satisfaire les nombreuses attentes et leur diversité, au mépris d’une gestion du temps saine, d’un manque de clarté sur les limites personnelles ou d’une absence de marge, le danger de l’épuisement guette le serviteur de Dieu à temps plein. L’insatisfaction ou la déprime peuvent également se produire dans de telles circonstances. Du point de vue du serviteur de Dieu, qui souhaite durer dans le ministère et tenir ferme, une réflexion importante sur la gestion du temps et des priorités, une compréhension saine des limites et une mise en œuvre de marges suffisante, constituent trois points de vigilance essentiels pour mener une vie équilibrée, sans trahir son mandat ou sa mission.
1. Réflexion initiale la gestion du temps et des priorités
Une méditation approfondie d’Ecclésiaste 3.1-11 montre le contraste entre l’homme dont les activités sont rythmées dans le temps et la présence de Dieu qui se situe hors du temps, mais qui vient également à la rencontre des hommes dans le temps. La diversité des activités humaines est également illustrée par les oppositions deux à deux. Les versets 2 à 8 nous présentent une série de comparaison d’activités humaines très diversifiées, présentées en parallélisme antithétique qui illustrent les propos du verset introductif et mettent en perspective les versets de conclusion de ce passage. Sylvain Romerowski indique :
« Les moments de la vie se succèdent, différents les uns des autres, parfois même contraires les uns aux autres. On a en effet quatorze paires d’activités opposées. Quatorze étant le double de sept et sept le chiffre de la totalité, on peut penser que ces activités sont mentionnées à titre typique de toutes les activités qui occupent l’homme pendant sa vie. Il est question de la vie (3.2a), de diverses activités humaines, de la vie affective (3.4, 5b, 8), de l’usage de la parole (3.7b). Dans certaines paires, l’élément positif vient en premier (enfanter, planter, embrasser, garder, aimer) ; dans d’autres, c’est l’élément négatif (abattre ou tuer, démolir, pleurer, se lamenter, déchirer, la guerre) »(1).
Le besoin de Dieu et son soutien, la nécessité d’une relation personnelle et d’une communion renouvelée avec le créateur de toutes choses apparaît très clairement dans ce beau passage du livre de l’Ecclésiaste. C’est Dieu lui-même qui détermine et fixe le temps comme un cadre structurant aux multiples activités humaines, alors que de son côté l’être humain semble bien incapable de gérer le temps. Sylvain Romerowski ajoute :
« Ceci implique aussi que les hommes ne sont pas livrés à un hasard aveugle. Même si nous nous sentons dominés par le temps, entraînés par les circonstances, ce ne sont pas les circonstances, ni le hasard qui sont notre maître. Dieu est le maître. Il y a là quelque chose d’encourageant et de rassurant »(2).......