Présider le culte
Le pasteur vient de vous demander si vous pouvez présider un culte à telle date... Vous êtes heureux de rendre ce service, mais en même temps, vous vous rendez compte de la responsabilité qu'on vous confie. Comment conduire le peuple de Dieu devant sa présence ? Que dire ? Que faire ? Ces quelques paragraphes ont pour but de vous rassurer et de vous guider dans votre préparation.
Qu'est-ce qu'un culte ?
Vu notre héritage protestant, beaucoup de croyants gardent l'impression qu'un culte, c'est avant tout prédication de la Parole avec, de temps à autre, la célébration de la Sainte Cène, et que ce qu'on fait avant ou après n'a que peu d'importance. Mais le mot culte veut dire "adoration", et il est difficile de voir comment la simple écoute d'un sermon puisse être comprise comme l'acte suprême de louange à Dieu ! En effet, venir au culte, c'est se présenter devant Dieu, non seulement pour l'écouter à travers l'annonce de sa Parole, c'est pour faire une rencontre avec lui, et ceci au sens le plus riche de ce terme.
Lorsque nous préparons donc un culte, il faut donner autant de soin à ce qui précède la prédication qu'à ce qu'elle contient. Comment aider les croyants à rencontrer Jésus-Christ, à être renouvelés par le Saint-Esprit ? Votre responsabilité est très importante, elle n'est pas facile ! Vous n'êtes pas là pour "occuper les gens" pendant 40 minutes avant le sermon, vous êtes là pour les conduire, les amener devant le trône de Dieu, dans la présence du Seigneur.
Quelques principes
1) L'accent doit être mis sur le Seigneur, sur son amour, son pardon, sa grâce. Les gens arrivent après une semaine chargée, ils sont peut-être énervés parce que leurs enfants ont voulu faire la grasse matinée et il fallait se dépêcher pour arriver à l'heure. Nous voulons donc qu'ils soient apaisés, qu'ils soient conscients du fait que le Seigneur les accepte tels qu'ils sont. Nous les invitons à un acte de volonté : louer Dieu. Voilà pourquoi le chant est très important : il appelle le chrétien à ouvrir la bouche, à participer au culte. La lecture biblique, également, le témoignage, recentre le culte sur le Seigneur.
J'ai prêché une fois dans une église où, derrière la chaire, dans un endroit où seulement le prédicateur pouvait le voir, se trouvait une plaque portant le texte: "Seigneur, nous voudrions voir Jésus" (Jean 12.21). C'est un bon étalon pour mesurer le culte que nous préparons.
2) Le président doit maintenir la dignité du culte, terme difficile à définir ! Il ne signifie pas forcément solennité (certainement pas rigidité), et pourtant, c'est l'impression qu'ici "on prend les choses au sérieux". Il ne s'agit pas en premier lieu d'amuser un auditoire, même s'il peut arriver aux gens de rire pendant le culte (pourquoi pas ? Dieu lui-même rit !). Le peuple de Dieu est rassemblé parce qu'il craint Dieu, désire lui obéir à lui, le Seigneur.
* Pesez vos mots, évitez la moquerie, le bavardage. Parlez fort, assez lentement : prononcez clairement.
* Gagnez la confiance des gens en évitant de dire des bêtises !
* Encouragez le respect envers le Seigneur et vis-à-vis des autres membres de l'Église qui sont là.
3) En même temps, le président devrait encourager la chaleur humaine et la spontanéité pendant le culte Nous ne sommes pas une Église qui se limite à une liturgie écrite. Nous croyons que l'Esprit est capable de parler aujourd'hui, à travers les paroles, les chants et les prières de son peuple : donc, il nous arrive d'ouvrir le culte aux prières libres des participants, ou à des témoignages préparés ou spontanés. Comment introduire ces éléments sans donner l'impression de "chaos" surtout aux visiteurs éventuels habitués au culte très formel ? Chacun doit trouver son équilibre.
L'important est d'être soi-même, tout en évitant la rigidité liturgique d'un côté, et un "joyeux désordre évangélique" de l'autre.
Quand on préside un culte, il faut éviter deux extrêmes vis-à-vis de sa propre personnalité :
a) vouloir s'éclipser complètement derrière des paroles écrites
Quand le Seigneur voulait s'exprimer, il l'a toujours fait à travers des personnes vivantes, sans jamais effacer leur caractère particulier. L'amour de l'apôtre Jean, la ferveur de Paul, le cœur blessé d'Osée : tout cela est perceptible dans la Bible. Mais le Seigneur se manifeste lui-même à travers les qualités de ses serviteurs. Ne cachons pas notre personnalité ! Ayons le courage de révéler qui nous sommes ! Sinon notre culte risque d'être rigide et formel, incapable de faire sortir ce qui est caché au fond du cœur des participants.
b) trop attirer l'attention sur soi-même
Nous voulons refléter le Seigneur, mais nous sommes un reflet imparfait, comme la lune reflète pâlement la lumière du soleil. Il serait dommage que les personnes ne voient que la lune, sans tourner les yeux vers la source de sa lumière. Évitez de trop parler de vous-même. Un témoin, c'est quelqu'un qui parle, non pas de lui-même, mais de ce qu'il a vu. L'objet de notre témoignage, c'est Jésus-Christ et non pas nous-mêmes.
Un culte qui permet aux personnes de s'approcher de Dieu en Jésus-Christ réussit dans cet objectif d'amener les gens à Jésus, c'est un culte bien préparé.
Il ne s'agit pas de choisir en cinq minutes quelques chants et quelques lectures bibliques (Louis Schweitzer, pasteur à Paris, affirme qu'il passe autant de temps à préparer le culte qu'à écrire sa prédication).
Comme la prédication, le culte devrait être conçu, préparé dans la prière. Celui qui préside n'est pas le prédicateur, et il faut éviter de prêcher un sermon. Il est bon de choisir un thème de préférence en accord avec le thème choisi par le prédicateur et puis de sélectionner les chants, les lectures, les témoignages... en fonction de ce thème. Vous pouvez aussi suivre, plus ou moins, les grandes lignes de la liturgie réformée : adoration, lecture de la Loi, confession des péchés, annonce du pardon, confession de la foi. Bref, il y a beaucoup de manières de diriger un culte, mais toutes demandent une préparation soigneuse.
Notons que la première partie du culte est d'une très grande variété !
Détails pratiques
1) Essayons de trouver un équilibre entre des cantiques anciens et les chants récents, "Les Ailes de la Foi" et "J'aime l'Éternel", choisir entre psaume, choral, refrain de louange ou cantique du XlXème ou XXème siècles par exemple. Certains cantiques ont une richesse théologique et biblique qui manque aux chœurs du réveil. Mais les chants de "J'aime l'Éternel" permettent parfois aux jeunes et même aux moins jeunes d'entrer plus facilement dans l'adoration. Certains chœurs sont trop courts pour être chantés une seule fois, mais évitons les "répétitions vaines" (deux fois ça va... trois fois, c'est peut-être déjà trop) !
N'ayez pas peur d'introduire de nouveaux chants, mais seulement un ou deux à la fois ! Il vaut mieux que certaines personnes connaissent déjà le chant en question et le chantent devant tout le monde ou avec tout le monde (ensemble vocal, chantres, chorals...).
2) Annoncez les numéros des cantiques au moins deux fois (sinon trois), de même pour les références des lectures bibliques, et ceci à voix haute et intelligible comme tout le reste d'ailleurs.
3) Dire quand il faut se lever et, quand il faut s'asseoir. Les personnes dépendent de vous pour le faire, et de telles indications, annoncées discrètement, font beaucoup pour donner au culte un sens d'ordre. En général, on chante mieux debout.
4) Si les enfants doivent partir pour l'école du dimanche au milieu du culte, veuillez bien respecter l'heure convenue à l'avance.
5) Si possible, essayez de faire recueillir l'offrande avant le départ des enfants. On leur enseigne ainsi que le don, la générosité, la gratuité les concernent aussi.
6) Faites participer d'autres membres de l'Église de différentes manières :
- Lectures bibliques
- Témoignages
- Prières (on peut aussi solliciter telle ou telle personne à l'avance pour la prière)
- Musique, chants (solo, ensemble vocal, jeunes, chorale)
- Textes liturgiques
7) En ce qui concerne le moment de prières libres ou spontanées, il ne faut pas s'éterniser là-dessus. Demandez que les prières soient brèves, audibles (se mettre éventuellement debout) directes, et positives.
Le moment ne devrait pas dépasser dix minutes en durée (sauf si vous ressentez que l'Esprit est en train de souffler ou qu'il y a un "bel élan"). Encouragez les gens à lire des passages bibliques pour nourrir la prière ou à entonner des chants.
8) Commencez toujours à l'heure même si beaucoup de personnes ne sont pas encore arrivées.
9) Donnez la parole au prédicateur après une quarantaine de minutes au plus ou 30 à 35 minutes si la Sainte Cène doit suivre la prédication.
Enfin, voici une proposition que vous pouvez suivre, modifier ou ignorer :
* Appel à l'adoration (Psaume).
* Cantique de louange (Ailes de la Foi), quelque chose de vigoureux.
* Prière.
* Paroles d'accueil de bienvenue. Signaler la présence des visiteurs qui sont connus.
* Lectures bibliques ou petite histoire pour les enfants.
* Cantique.
* Offrande suivie du départ des enfants.
* Moment d'adoration : chants de "J'aime l'Éternel", reliés avec quelques paroles, prières libres.
* Témoignage.
* Prière d'intercession.
* Cantique.
* Prédication.
* Moment de silence.
* Annonces.
* Bénédiction.