Bien lire l’Écriture en public

Extrait Le culte

Parce que notre foi vient de la Parole de Dieu, il est de la plus haute importance que nous traitions cette Parole avec respect. Cela commence par sa lecture dans nos cultes et cérémonies. Et, sans exagérer, il y a une belle marge de progression. Mais en sommes-nous vraiment convaincus ?

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Bien lire l’Écriture en public

Lors du culte dans cette Église évangélique de la région parisienne, la lecture des passages de l’Écriture fait l’objet d’une attention particulière. Nommé « ministère de la lecture », ce moment est accessible à tous sans distinction. Il y a donc un mélange inattendu entre la solennité d’un ministère « reconnu » et la spontanéité d’un service accessible à qui veut le rendre. Comme vous pouvez l’imaginer, cela donne des résultats très inégaux mais rarement satisfaisants. Georges est ainsi l’un de ceux qui se lèvent volontiers pour accomplir ce ministère. Il se heurte toutefois à deux difficultés dont il ne semble pas avoir conscience. La première, c’est qu’il découvre les textes au moment d’en faire la lecture publique. Et leur déchiffrage est parfois laborieux. Et la seconde, c’est qu’il n’est pas à l’aise dans cet exercice. Ce n’est ni une question d’instruction – Georges a fait des études supérieures – ni une question d’autorité – ingénieur, il est habitué à diriger des équipes. Non, c’est plus simplement une question de don : Georges manque habituellement de fluidité quand il parle. Du coup, sa lecture présente les mêmes caractéristiques. Elle est souvent hachée et les interruptions ne correspondent pas à la ponctuation, donc au sens du texte. Sans le vouloir, il peut rendre obscur un texte clair et, dans certains cas, lui faire dire des choses inattendues. Dans le prophète Joël (3.1), il est, par exemple, écrit : « Après cela, moi, je répandrai mon Esprit sur tout le monde : vos fils et vos filles prophétiseront ». Lu par Georges, cela peut donner : « Après cela moi je répandrai mon Esprit. Sur tout le monde, vos fils et vos filles prophétiseront ». L’Esprit n’est plus donné à tous, il permet de prophétiser sur tous ! Avouons qu’il y a là un changement de sens significatif.

Rendre justice à l’Écriture… et au Seigneur

Cette histoire, en partie fictive, souligne une réalité trop peu prise en compte dans nombre de nos Églises : l’autorité que nous reconnaissons à la Parole de Dieu doit se traduire par la façon dont nous la traitons dans nos cultes. Or, en la matière, nous tendons à la schizophrénie. Nos déclarations doctrinales sur l’Écriture n’ont d’égales que la pauvreté du traitement que nous lui réservons. Outre que nous la lisons généralement bien peu dans nos cultes – mais c’est un autre sujet que j’ai traité ailleurs – nous la lisons souvent mal et, par conséquent, nous ne lui rendons pas justice. Ne serait-ce pas une façon d’honorer le Seigneur que de commencer par respecter très concrètement sa Parole en la lisant de façon claire et audible ? Et ne serait-ce pas aussi une façon de respecter nos auditeurs que de mettre le plus grand soin à faire entendre distinctement ce que Dieu dit dans et par sa Parole ? Si, pour leur salut et leur édification, nos membres et autres visiteurs ne devaient retenir qu’une seule chose de nos rencontres dominicales, ce n’est pas la chaleur de nos paroles d’accueil, ni l’enthousiasme de nos invitations à la louange, ni même l’inspiration de nos prédications, mais bien plutôt la beauté et la force de la Parole du Seigneur elle-même. Car, en plus d’être vraie, l’Écriture ne manque ni de souffle poétique, ni d’intensité dramatique, ni de puissance logique, ni de diversité littéraire. Et cette beauté de l’Écriture n’est pas à mettre au rang des accessoires purement décoratifs. Elle fait partie intégrante de la révélation, car le Dieu d’amour se plaît à rejoindre les hommes en usant de tous les registres dont il a doté leur capacité linguistique. Tour à tour, apaisante et remuante, émouvante et troublante, puissante et convaincante, la langue des auteurs bibliques est d’une étonnante richesse. Et cela aussi, il faut apprendre à le mettre en relief dans notre lecture publique. L’Écriture le mérite, et le Seigneur, plus encore !

Favoriser l’écoute de Dieu

À cet argument théologique, nous pouvons en ajouter un plus pratique : la lecture publique de l’Écriture est l’occasion pour chacun de s’exercer à l’écoute de ce que Dieu dit. Et comme le fait remarquer fort justement Eugene Peterson, il y a une différence sensible entre lire et écouter :...

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