Le culte tire à sa fin en ce dimanche du mois de décembre. Comme à son habitude, le président du conseil monte en chaire pour les annonces. Un flottement est perceptible dans les rangs de l’assemblée. Les uns semblent sortir de l’état de veille dans lequel les a plongés la voix rassurante du prédicateur, les autres commencent à avoir faim, tandis que certains s’impatientent en regardant leur montre. Capter l’attention de tout ce monde n’est donc pas une mince affaire.
Introuvables groupes de maison
Le président se lance et passe le premier cap. La réunion de prière de mardi est annoncée avec clarté. Viennent ensuite les groupes de maison des mercredi, jeudi et vendredi. Déjà, les choses se gâtent. Les réunions ont lieu comme d’habitude chez Jérôme et Martine, Jean-Paul et Nathalie, Patrick et Valérie. Les habitués sont heureux d’entendre parler de leur réunion de quartier, mais les autres sont voués à l’ignorance car rien n’est dit, ni des horaires, ni des lieux. Le « non-initié » doit donc franchir bien des obstacles pour rejoindre un de ces groupes : repérer le responsable de la rencontre à la fin du culte, tenter de l’approcher et, si la manœuvre est concluante, s’arranger pour obtenir son adresse et l’heure du rendez-vous ! Avouez qu’on peut mieux faire en termes d’accueil et d’encouragement à prendre part à la vie de l’Église.
L’assemblée a le tournis
Mais les annonces ne sont pas finies. Ce sont tour à tour le responsable des jeunes, celui des adolescents et celle des écoles du dimanche qui vont prendre la parole. Noël approche et chaque groupe prépare la fête. Entre les deux euros qu’il faut apporter pour les crêpes du groupe d’ados (à moins que ce ne soit pour les jeunes), la répétition qui aura lieu dans 15 jours pour tous et les costumes pour la pièce des petits (à moins que ce ne soit pour les moyens, car le responsable s’est d’abord trompé), l’assemblée a le tournis. Si vous avez le malheur d’avoir des enfants dans chaque catégorie d’âge, il vaut mieux vous apprêter à redemander calmement les informations à chaque responsable… par téléphone. Il est en effet peu probable que vous puissiez les voir dans l’enfilade à l’issue du culte.
L’intercession mal servie
Quand enfin le président transmet les nouvelles plus personnelles – Mme Dubois qui est sortie de l’hôpital, le petit Franck à qui l’on a diagnostiqué une leucémie et la famille Sanchez qui marie sa fille en avril – l’attention de l’auditoire est au plus bas. À ce stade, les plus vaillants ont décroché et commencent à se demander quand prendra donc fin cette litanie. Il y a même des esprits chagrins qui chronomètrent pour vérifier que les annonces ne sont pas plus longues que le message ! Dommage, car l’intercession, si importante dans la vie de la communauté, s’en ressentira.
Mais comment faire pour éviter un tel naufrage et redonner aux annonces un rôle utile : dynamiser la vie de l’Église, nourrir l’esprit de service et la prière ? Voici quatre règles à observer pour progresser :
Ne laissez pas parler n’importe qui
Si vous souhaitez donner de l’impact au temps d’annonces, ne laissez pas la parole à tous ceux qui veulent la prendre. Il n’est pas rare que d’excellents animateurs d’activités soient de piètres communicateurs. Demandez-leur de transmettre leurs annonces à celui ou à celle qui en a la responsabilité et choisissez les plus doués pour communiquer. À cet égard, le pasteur n’est pas toujours le meilleur « annonceur » soit parce qu’il n’a pas vraiment le temps de préparer à la fois son message et les annonces, soit parce qu’il n’a pas suffisamment l’esprit de synthèse. Cela signifie qu’il faut discerner au sein de la communauté ceux qui savent parler clairement, qui ont de l’enthousiasme et qui ont une vue assez générale sur les activités de l’Église.
Allez à l’essentiel
La deuxième règle à respecter, c’est qu’il faut impérativement aller à l’essentiel. Dire des choses simples, précises et adaptées à l’auditoire. À ce titre, une information qui concerne trop peu de personnes devrait se transformer en demande de rencontre rapide à la fin du culte. De même, une annonce incomplète génère des frustrations et parasite la communication. Il vaut mieux attendre d’avoir tous les éléments pour communiquer. Enfin, un projet aux contours encore flous doit rester dans les cartons jusqu’à ce qu’il ait atteint une certaine maturité. Le temps des annonces n’est pas à confondre avec une assemblée générale où peuvent se poser des questions ouvertes, se débattre des intentions ? ou s’organiser un remue-méninges.
Une façon d’aller à l’essentiel, c’est aussi d’aménager des temps différents dans le culte selon le type d’information. Les nouvelles des personnes pourraient par exemple avantageusement ouvrir un moment d’intercession distinct du reste des annonces.
Utilisez le vidéoprojecteur
L’usage du multimédia n’est pas à négliger pour communiquer avec l’assemblée. Les lieux et heures des groupes de maison peuvent ainsi être affichés sans qu’il faille chaque fois les rappeler. Une photo des activités du groupe de jeunes ou une petite vidéo de l’école du dimanche pourraient rendre sensible la communauté à ce qui se fait en son nom. Et pourquoi ne pas faire défiler les annonces avec un mot de bienvenue avant que le culte commence ?
Multipliez les sources d’information
Enfin, le secret de la communication comme de la pédagogie, c’est la répétition. Il convient donc de multiplier les sources d’information pour que chaque personne puisse avoir accès à toutes les annonces à tout moment. Bulletin d’Église, affichage, site Internet et mailing sont aujourd’hui autant de moyens pour communiquer avec les membres, sympathisants et visiteurs de la communauté. Pour y parvenir, il faut avoir une politique minimum de communication pour que l’ensemble reste cohérent. Et il faut mettre au travail ceux qui ont des compétences pour développer les outils adéquats. C’est l’occasion ou jamais de mettre les jeunes au travail et de les associer à la vie de l’Église.
Avec tout cela, les annonces ne devraient plus être ni interminables ni incomplètes !