Wedding planner, pasteur, une mission bien fondée ?
Je ne sais pas si la mission de wedding planner est le fruit d’une vocation particulière. En tout état de cause, cette « nouvelle mission » a vu le jour pour répondre à un « nouveau besoin de facilitation » qui se décline dans la satisfaction de multiples besoins. En tant que pasteur, discrètement, le plus souvent, Dieu tissait son appel, nous aidant à l’entendre et à y répondre. Pour autant, nous sommes souvent confrontés à de « nouveaux besoins » dans notre ministère, multiples et variés, qu’il convient d’accueillir, de discerner. Sans nul doute, cette « nouvelle mission » de chef d’orchestre qu’est le ou la wedding planner nous pousse à questionner notre ministère face « aux besoins » d’une société en évolution, d’une Église en mutation.
Si les fondamentaux sont bien là (accompagnement, enseignement, direction), quels sont les nouveaux besoins apparaissant dans nos communautés qui pourraient orienter, à tort ou à raison, notre ministère en lui donnant une coloration nouvelle ? Quels seraient ceux face auxquels il nous faudrait nous adapter ou résister ? Pour y répondre, il me semble qu’il faut bien rester enraciné dans notre vocation divine et sa finalité, en communion « avec celui qui vous a adressé cet appel ». La lettre aux Éphésiens nous donne quelques pistes d’un cadre bienfaisant et clair : notre vocation vise à répondre au besoin de « formation des saints » (v.12a), pour qu’ils « soient rendus aptes à accomplir leur service » (v.12b), pour, in fine, « la construction du corps de Christ » (v.12c). Dès lors, se consacrer à tous les « besoins » inépuisables, inimaginables ? Certainement pas, un nécessaire discernement est à opérer étant donné que notre vocation va au-delà de la simple satisfaction de besoins.
Un savoir-être au diapason de notre vocation
Dans le cadre de la mission du wedding planner, un certain nombre de savoir-être, qui se veulent au diapason de la mission définie, sont déclinés. Pour nous autres pasteurs ou responsables d’Église, il est intéressant de noter que Paul déploie « une conduite en dignité de notre vocation » (Ep 4.2) non sans lien avec le wedding planner.
La douceur de l’écoute
Le wedding planner accueille « envies, critères, contraintes et budget » et ce sans prendre de décision puisqu’il ou elle est là pour « accompagner et non pour imposer ses choix ! ». « Accueillir, accompagner, sans imposer ses choix », autant d’impératifs qui nous interpellent peut-être. Autant l’accueil et l’accompagnement semblent aller de soi, autant la dernière expression questionne notre pratique pastorale : ne pas décider « à la place de ». Bien sûr, il nous arrive dans notre accompagnement de suggérer ou de conseiller, mais ne sommes-nous pas aussi parfois tentés, convaincus de détenir la bonne orientation à adopter, d’aller un peu au-delà ?
L’élan de conseil pastoral demeure bien à propos, étant le fruit d’une expérience, d’une illumination de l’Esprit. Cela dit, il est souvent bien préférable que notre frère, notre sœur, chemine elle-même dans son discernement. Reconnaissons-le, nous ne sommes pas toujours inspirés et, plus encore, il se peut que ses « égarements » fassent partie de son chemin de maturité. Notre posture consistera alors plus en cette écoute active bienfaisante et gratuite.
L’humilité constante de la patience
À l’instar du wedding planner, ne sommes-nous pas souvent les interlocuteurs uniques, spécifiques, soumis au secret professionnel, de nos frères et sœurs aux « injonctions », aux « contraintes » multiples ? Qu’il serait alors tentant de se faire un peu trop « tout à tous », en cédant à l’illusion de la toute-puissance épuisante et envoûtante.
Qu’il est, au contraire, salutaire de rester au creuset de sa vocation dans une humilité sereine, en faisant preuve d’une patience résolue. De celle qui s’interdit de poursuivre la perfection d’un pasteur aux mille visages. La vocation pastorale ne consiste pas en un abandon de soi pour se noyer dans les multiples attentes, mais en un véritable largage des amarres, dans une fraîche et bienfaisante liberté à la suite du Christ. Et ce, dans une humilité responsable et assumée qui reconnaît ses limites et celles des autres pour composer, faciliter, soutenir.
Le soutien indéfectible
Si le ou la wedding planner se trouve enjoint à « faciliter à tout prix et à faire gagner du temps » aux jeunes époux, je n’ose imaginer ce qui peut s’entendre, se vivre. Alors, de la patience, et la capacité de soutenir, d’accompagner ces jeunes époux peut parfois avoir un goût amer. Certainement, conscient qu’il s’agit là de sa mission rémunérée, soumis à une obligation de résultat, le wedding planner doit certainement sourire, ronger son frein, en se pliant aux désidératas des époux…
Le pasteur, s’il consacre sa vie aux autres, le fait, le plus souvent rémunéré, sans en faire la finalité de sa mission. Il est, lui, soumis à une obligation de moyen, en faisant tout pour que sa mission réussisse, s’en remettant à Dieu pour les résultats. Le moyen, c’est celui de l’amour. Laisser un frère ou une sœur vivre selon ses désirs n’est pas toujours faire preuve d’amour. Il convient parfois, au contraire d’un wedding planner, de donner son avis, discuter l’opinion, redresser un tort dans un soutien inconditionnel.
Dans les coulisses, des difficultés - « Efforcez-vous » (v.3)
Un point commun avec le wedding planner, à mon sens, est que le pasteur œuvre en partie dans les coulisses de la communauté. Ainsi, discrètement, secrètement, il s’efforce avec d’autres de nourrir le lien de l’unité pour qu’elle soit féconde. Il voit et connaît souvent les « coulisses » de la communauté, avec ses déboires et ces écueils. Comme le wedding planner qui fait face aux défections possibles, aux tensions relationnelles, le pasteur est souvent le témoin du désengagement de certains, des blessures existentielles, des « lâchetés » relationnelles, des difficultés de tous ordres (2 Tm 3.10-12).
Dans ces coulisses, il nous faut donc, au carrefour de vies au pluriel :
- Faire avec les différences de visions (la nôtre et celles des autres) de ce qu’est, devrait être le ministère, l’Église ou la mission.
- Accepter d’être confronté...