1. Cadre et outils de travail
Le cadre
À ce jour, je n’anime pas les préparations au mariage avec mon épouse : nous avons trois jeunes enfants, elle exerce un emploi séculier... Trouver des créneaux qui conviennent d’une part aux couples, d’autre part à mon épouse et à moi-même, en tenant compte des contraintes liées aux enfants et de la relative fréquence de ces rendez-vous est, pour l’instant, un obstacle que nous ne sommes pas parvenus à franchir. Peut-être pourra-t-il en être autrement à l’avenir ! Il est arrivé toutefois que la future mariée exprime le souhait d’échanger avec mon épouse. Lorsque c’est le cas, bien entendu, nous organisons ce rendez-vous avec joie.
Le fait que j’anime les rencontres seul et non en couple, sans parler du fait que j’étais moi-même tout jeune marié lors des premières préparations au mariage que j’ai animées, a certainement influencé mon approche de ces rencontres. Il ne s’agit pas tant de jouer le rôle de « mentor » s’appuyant sur sa propre expérience du mariage (même si cette dimension est souvent présente dans une certaine mesure !), mais plutôt d’adopter une approche spécifiquement pastorale : la Parole, la prière, la réflexion théologique et éthique sont au premier plan. Je laisse toutefois une place non négligeable aux « conseils », que je suis plus à l’aise de donner maintenant qu’il y a dix ans, et à l’échange libre et informel.
Les rencontres sont au nombre de cinq et durent normalement environ 1 h 30 chacune. Selon la date de mariage et le temps dont nous disposons, celles-ci peuvent être fréquentes (une, voire deux fois par mois si le temps est court), ou plus espacées (jusqu’à une fois tous les deux mois si les fiançailles sont longues !)
Les outils
Outre la Bible, l’outil de travail que j’ai choisi pour ces rencontres est l’ouvrage Le mariage de Timothy et Kathy Keller(1), dont je demande la lecture d’un à deux chapitres en amont de chaque rencontre.
Ce livre souffre de certains inconvénients : il est traduit de l’anglais, et a été rédigé dans un contexte américain (quoique new-yorkais, ce qui implique certaines convergences avec mon contexte de ministère parisien). Certains pourraient éventuellement le trouver un peu trop « intellectuel », même s’il reste globalement bien accessible. Mais cet ouvrage possède également, à mon sens, des qualités non négligeables : il est très pastoral dans son approche, évitant le piège d’une forme de « développement personnel » sur lequel on saupoudrerait quelques éléments bibliques. Il me paraît éviter le piège qui me semble caractériser certains ouvrages de préparation au mariage : un certain « fourre-tout » mélangeant notions bibliques, conseils pratiques, et réflexions un peu « psychologisantes » de qualité variable. En outre, on retrouve la « patte » du regretté Tim Keller dans la dimension apologétique de l’ouvrage. Bien conscient du décalage entre la vision chrétienne du mariage et celle qui prévaut de notre temps, Keller creuse cette question et examine ses enjeux sans tomber dans les clichés. J’ajouterai que cette approche convient généralement bien au public de l’Église que je sers, constitué en grande majorité de personnes ayant fait des études supérieures et se posant assez naturellement ce type de questions.
En plus de la lecture de l’ouvrage des Keller, j’envoie avant chaque rencontre au couple un document incluant une à trois lectures bibliques et quelques questions liées à celles-ci. Ces questions partent de l’interprétation du texte pour faire le lien avec la réalité du mariage dans ses différentes dimensions : amitié, vie de piété, engagements professionnels et ecclésiaux, gestion du temps, hospitalité, intimité physique, gestion des conflits, place du pardon, parentalité... Je tiens à préciser que j’ai abouti très progressivement à ce fonctionnement après avoir un peu improvisé les premières années !
2. Quelques convictions qui se sont forgées au fil du temps
Au fil de ma pratique de la préparation au mariage s’est forgée une conviction de plus en plus nette sur la...