Enthousiaste et serviable, Stéphane se donne sans compter. Après de solides études en théologie et un stage pratique, il est devenu pasteur d’une petite Église évangélique. Le travail ne manque pas entre les âmes blessées de la communauté, les sympathisants qui veulent progresser dans la foi, et tous ceux qui ont besoin d’entendre l’Évangile. Fier de sa disponibilité et de son esprit de sacrifice, corvéable à merci sauf – mais il n’en a pas encore conscience – pour les siens, la femme qu’il a choisie d’aimer et les enfants qu’elle lui a donnés, Stéphane va droit au burn-out. Excédée et meurtrie par l’indisponibilité de son mari, Béatrice le fait brutalement atterrir en lui posant un jour cette question : « Est-ce qu’au fond tu ne te prendrais pas pour Dieu ? » Devant son air interloqué, elle ajoute : « Seul Dieu est disponible jour et nuit, 7 jours sur 7, toute l’année. Toi, tu as besoin de dormir, de manger, de te détendre, de prendre soin de ta femme et de tes enfants. » Et pour bien se faire comprendre, elle ajoute : « Veux-tu donc que les membres de l’Église préfèrent s’adresser à toi plutôt qu’au Seigneur ? » Cette parole de sagesse a été le point de départ d’une lente et douloureuse remise en question : à son corps défendant, Stéphane n’annonçait pas l’Évangile pour amener à Dieu mais pour se substituer à lui ; et au fond, ce qu’il cherchait, c’était moins l’approbation de Dieu que celle des hommes.
Ce que Stéphane a découvert, c’est ce qui guette bon nombre de pasteurs qui, en voulant plaire à Dieu, s’efforcent surtout de plaire aux hommes parce qu’ils ont besoin d’être aimés et encouragés. Le travers d’un tel comportement, c’est qu’il conduit celui qui en est victime à « surfonctionner ». Ce terme est emprunté à la systémique, et Jeanne Farmer le définit ainsi ...